Rencontres / Agaçante ou fascinante, l’œuvre de Paul Claudel ne laisse pas indifférent. La preuve avec cette nouvelle édition des Rencontres de Brangues, où l’on se presse cet été en souliers de satin. Dorothée Aznar
Faites le test parmi vos connaissances (si possible amateurs de théâtre et/ou de littérature) : prononcez le nom de Paul Claudel bien distinctement et attendez les réactions. Deux camps s’affrontent. Il y a ceux qui détestent, affirmant haut et fort que les textes de Claudel sont d’un ennui mortel et ceux qui ne s’en sont toujours pas remis (voir à ce sujet les adaptations récentes et plutôt réussies de jeunes metteurs en scène des textes de Claudel). Quoi qu’il en soit, même si l’œuvre du haut fonctionnaire, accessoirement chantre des vertus catholiques ne fait pas l’unanimité, elle attire et mobilise encore les foules. Les Rencontres de Brangues, organisées dans l’ancienne demeure de Paul Claudel par l’Association pour un Centre Culturel de Rencontre à Brangues (présidée par Christian Schiaretti, directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne), proposent pour cette nouvelle édition un programme qui s’articule autour du Soulier de Satin et qui peut, sans peine, faire pâlir un festivalier avignonnais. Demandez le programmePendant trois jours intitulés Jean-Louis Barrault, La Scène et le Monde et La Quête de grandes personnalités de théâtre participent à l’aventure. Parmi elles, le dramaturge Michel Vivaner, les metteurs en scène Stefan Bachmann et Jean-Pierre Jourdain, les comédiens Marina Hands (vue notamment dans le Phèdre de Patrice Chéreau), Éric Ruf (vu dans le Cyrano mis en scène par Denis Podalydès) ou Madeleine Marion, grande interprète des pièces de Claudel devant l’éternel, ainsi que de brillants universitaires. Les Rencontres de Brangues, ce sont trois jours d’expositions, de lectures, d’entretiens, de spectacles et de projection dans un cadre enchanteur qui tentent, selon les dires des organisateurs, «d’écouter battre le monde et d’en prendre la mesure». Et même les cinéphiles peuvent attraper la partition au vol, puisqu’il sera possible de voir (ou de revoir) l’adaptation fleuve du Soulier de Satin de Manoel de Oliveira, récompensée par un Lion d’Or au Festival de Venise en 1985. Enfin, et si les vœux de l’association sont exaucés, un Centre Culturel de Rencontres fondé sur l’œuvre de Claudel devrait prochainement entrer en activité. Lieu de transmission du savoir, de recherche et de conservation des techniques autour de la question du poème dramatique, Brangues n’aura plus alors qu’à candidater au titre de capitale européenne de la Culture, une pratique qui fait fureur en Rhône-Alpes.Les Rencontres de Branguesdu 29 juin au 1er juillet, au Château de Brangues
