Et la lumière fut

La venue de Terry Poison au Ciel mercredi prochain, celle de Léonard De Léonard au Bar MC2 le samedi suivant, une nouvelle compilation dans les bacs… Autant d’occasions de faire le point avec Buzz L’Ekler, fondateur de l’excellent label Ekler’O’Shock. Propos recueillis par Damien Grimbert

Les débuts de l’aventure Ekler’O’Shock ?Buzz l’Ekler : Le label est né en juillet 2002, sous forme associative, fondé avec une amie. Nous avions déjà eu plusieurs expériences dans le disque et la musique, en label, web agencies, agence de promo, et j'avais un premier projet avec l'artiste The deBug Tentative de Montpellier. On l'a aidé à sortir son premier EP, puis ensuite sont arrivés Apsci et Xerak. Xerak, nous l'avons rencontré par le biais de Fred Elalouf, boss de l'agence de promo Ping Pong. À l’époque Fred voulait créer un label pour sortir les nombreux projets de Xerak, mais n'a jamais eu le temps pour le faire. On a donc signé le premier maxi de Xerak, puis une mixsteak, un projet spécial en édition limitée. Apsci, ce couple Américain/Australien dont on a sorti le premier maxi, m'ont contacté via notre site web. Dana, la chanteuse d'Apsci, connaissait bien Mike Ladd puisqu'elle avait enregistré des voix pour Infesticons et Vernacular Homicide. Moi je bossais chez Ping Pong, je croisais souvent Mike, on a monté une date Apsci et Mike Ladd au Batofar, la connexion s'est faite, et on a sorti le maxi d'Apsci quelques mois plus tard, avec Mike Ladd, Tes et Seraphim en invités. Ensuite mon associée Céleste a quitté le navire pour se diriger vers des projets qui lui correspondaient plus, et un de mes meilleurs amis, Clément, m'a rejoint.Comment définirais-tu la ligne directrice de ton label ?C’est surtout et principalement des coups de cœur électro d'artistes qui sortent des cadres traditionnels. On aime les gens qui ont du caractère, qui créent leur propre univers. À part datA, tous avaient déjà une bonne dizaine de morceaux plus ou moins disponibles et prêts à être sortis. On ne signe que des artistes qui veulent faire de la musique leur métier, ou qui s'y consacrent de manière réellement professionnelle. Si tu dois passer deux ans à travailler sur un artiste, autant faire en sorte qu'il soit lui aussi investi pleinement dans sa musique. Ensuite, il y a clairement une dominante électronique dans ce que l'on a sorti, un côté sûrement rentre-dedans, effronté, un attachement à la club musique mais en gardant un fort attrait pour les mélodies... Si tu veux vraiment une définition, je rêverai d'un disque avec Rick Rubin aux consoles, Jean-Claude Vannier pour des arrangements de cordes, Giorgio Moroder aux synthés, et Debbie Harry au chant. Voilà l'ultime groupe!! Après quatre années d'existence, plus de 200 dates partout dans le monde, et 11 références à notre actif à ce jour, je n'ai pas envie de définir de ligne artistique précise, encore moins d'avoir un "son" Ekler'O'Shock. C'est l'artiste qui doit être au centre, pas le label. C'est très "électro" ce raisonnement qui consiste à acheter tous les maxis d'un label, à sonner de telle ou telle manière, mais ça n'a rien à voir avec la conception que je me fais du rôle d'un label. Je préfère faire du développement, aider quelques artistes sélectionnés, plutôt que de ne sortir que des singles purement club, d'artistes dont on ne parlera plus dans six mois. Et je ne veux pas avoir de son purement identifié "Ekler'O'Shock". J'adore les sons Ed Banger, Modular et Kitsuné, mais je me sens plus proche de gens comme Warp ou Beggars qui signent du rap, du rock, de l'électro, du punk... Ce sont de grosses structures, mais des gens comme Disque Primeur le font aussi à leur échelle.Fin février est sortie la 2e compilation « à thème » du label, The Unexpektheadz 2. Pourquoi le choix d'une thématique propre à chaque volet ? Ça nous permet déjà en amont de faire une première sélection, mais également de proposer un exercice de style aux artistes sollicités. Crunc Tesla a composé son morceau Welcome to the circus pour la première compilation, et c'est probablement son meilleur morceau encore aujourd'hui, ce qui nous a poussé en sortir un maxi. The Unexpektheadz 2 est une compilation qui résume autant que possible un an de travail, de rencontres, de soirées, d'amitiés, et qui tente l'exercice de la B.O imaginaire. L'espace est un thème fascinant, c'est ancré en nous, depuis gamin quand je regardais Albator jusqu'à aujourd'hui quand tu regardes les films des Daft, que tu découvres tout l'univers de Sun-Ra, de George Clinton.. Je crois que la Space music est vraiment un truc qui m'a fait rêvé tout jeune, et qui m'a donné un avant-goût de la musique électronique. Les compilations "Synthétiseur", aussi cheap fussent-elles, avaient une dominante tellement onirique, l'early électro et la Moog music de Jean-Jacques Perrey ou Gershon Kingsley, les solos ultra pompiers de guitare de Joe Satriani, tout ça m'a toujours laissé rêveur. En plus des artistes maisons, j'ai sollicité des gens comme Detect, Stinkmitt, ou Vyle pour arriver à une sorte de patchwork géant, intersidéral et non identifié. Comme tout voyage dans l'espace, il faut être préparé, en conditions, et ne pas avoir peur des zones de turbulence!Le mercredi 24 avril, Le Ciel accueille Terry Poison, signé sur ton label. Qu'est-ce qui t'a séduit dans ce groupe ?Les Terry Poison viennent de Tel-Aviv en Israël, nous nous sommes connectés sur MySpace, je les ai décidé à mettre un titre sur la compilation, puis à sortir leur premier maxi. Je ne comprends toujours pas comment un groupe aussi incroyable, avec un tel buzz sur MySpace, autant de dates un peu partout dans les capitales européennes, n'ait pas été signé avant. Louise Kahn, Petite Meller et Gili Saar incarnent à elles trois Terry Poison, idéal féminin imaginaire d'une muse excessive, sexuelle et passionnée. Déboires amers d'un jour, rêves sucrés du lendemain, dance music audacieuse et tenace par des filles qui citent Salt'N'Pepa, Peaches ou MIA en référence. Pilotée de main de maître par Bruno Griffe, pimp, mentor et grand frère du groupe, l'icône Terry Poison a parcouru en quelques mois les clubs les plus mythiques et les soirées les plus extravagantes de Berlin, Paris, Londres, Oslo ou Stockholm. En anglais, on pourrait définir ça comme ça : American sleeze meets European Finesse. Leur son rappelle aussi bien les productions de Giorgio Moroder pour Debbie Harry que celles des Neptunes pour Gwen Stefani, ou de Diplo pour MIA. Le tout agrémenté d'un angle rock, très certainement dû au passé métal du mentor Bruno. C'est une sorte de collision entre les univers de CSS, Peaches, Uffie, MIA et Electrelane. On vient de sortir leur premier maxi, le Buzz on the Bell EP, dans les bacs début mai. À découvrir sur scène absolument!Le samedi suivant, c'est au tour de Léonard De Léonard de venir nous rendre visite…Léonard De Léonard a sorti un EP vinyle sur notre label, extrait de son dernier album 2. On a beaucoup joué ensemble avec son MC Maxx, il est très proche du label, mais a sorti d'autres projets sur d'autres structures. On réfléchit ensemble à un prochain maxi, et pourquoi pas son troisième album. Léo, c'est notre papa barbu préféré, dont le prochain maxi sera une grosse tuerie dancefloor pour tous les amoureux de films d'horreur... Affaire à suivre.Terry Poison en concert avec Bunny Rabbit le 24 avril au Ciel, dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlentSoirée Freaked Beatz avec Léonard De Léonard le 28 avril au Bar MC2Compilation The Unexpektheadz 2 (Ekler’O’Shock)Ekler’O’Shock sur le net : www.ekleroshock.com / www.myspace.com/ekleroshock

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