Animé par la passion des fans, Internet prend de plus en plus l’allure d’un gigantesque musée du rétro, où le conservateur se serait fait la malle depuis un bout de temps. Damien Grimbert
Résultat, un joyeux foutoir, où les génériques de séries télé oubliées côtoient les jeux vidéos old-school et les K7s de tubes dance des années 80 au mépris du bon goût, et de la logique la plus élémentaire. Démonstration en 3 sites. Sur Retro Junk, on annonce franchement la couleur. Le site s’est fait une spécialité de déterrer les jouets, films, dessins animés et séries télé que tout le monde, vous compris, avait laissé tomber dans l’oubli sans le moindre remords. Passé une rapide révision des classiques (Transformers, Tortues Ninja, Supercopter, Manimal, Maîtres de l’Univers, et autres Cosmocats), on se plonge, en bon archéologue des sous-cultures, plus en amont dans le site, histoire de voir ressusciter sous nos yeux ébahis les génériques du Chevalier Lumière, de Judo Boy, de Silverhawks ou encore des Misfits of Science. Prochaine étape, l’audioblog Dalston Oxfam Shop, dont le propriétaire encode chaque semaine en mp3 la cassette audio la plus incroyable qu’il ait réussi à trouver dans la brocanterie la plus proche. Mixes raves de 1991, compilations de pop africaine des années 80 à l’usage des taxis londoniens, vieille K7 de musique vietnamienne, chaque post apporte son lot de surprise et de froncement de sourcils incrédules devant ces vestiges de la variété d’il y a quelques décennies.Pacman Vs Space InvadersSi les consoles nouvelle génération focalisent désormais l’attention des plus gros médias, elles ont également laissé derrière elle tout un panel de nostalgiques des décors en 2 dimensions, effets sonores bas de gammes, voix pauvrement digitalisées, et joystick à 3 boutons grand maximum. Ces derniers peuvent désormais retrouver sur leur écran la quasi-intégralité des titres qui faisaient fureur il y a quinze ans sur la borne d’arcade du bar-tabac du quartier, par le biais d’émulateurs qui se chargent de reproduire les guères sophistiqués programmes informatiques de l’époque. Les massacres d’aliens propres à Xenon 2 et R-Type, tabassage de loubards à la Double Dragon et Final Fight, ou dunk monumentaux de NBA Jam sont ainsi déclinés à l’infini sur des sites comme Arcade Hits, qui comptabilisent plusieurs centaines de jeux différents datant de 1973 à la fin des années 90. Aussi improbable qu’elle puisse paraître, on aurait tort de réduire l’attention que ces différents sites drainent à une simple phase de nostalgie régressive. En plus d’apporter la preuve formelle à votre entourage sceptique que les Tripodes qui vous terrifiaient enfant sont bien issus d’une série et non de votre cerveau dérangé, ces derniers archivent en effet par ce biais tout une gamme de codes graphiques, esthétiques, et parfois même idéologiques (voire la vague de jeux vidéos “reaganiens” dans les années 80) désormais révolus. Les sous-cultures d’hier, nouveaux témoignages historiques ? Sur ce débat houleux, certains ont visiblement pris position.www.retrojunk.comhttp://dalstonoxfamshop.blogspot.comwww.arcadehits.net
