Self Défense

Installation / Il vient de transformer le LIA en bunker gorgé d’armes de distraction massive. Julien Prévieux nous ouvre les portes de sa “Pseudo-Collision”. Propos recueillis par FC

Tous les éléments de Pseudo-Collision sont des détournements… Julien Prévieux : Surtout le film. J’ai pris un James Bond classique, on peut le dire assez médiocre, et il s’agit donc de rajouter une batterie d’effets classiques hollywoodiens : des flammes, des fumées, des explosions… Il dure deux heures et sur tous les plans on a au moins un petit effet dans un coin, une évolution crescendo, pas loin du cinéma expérimental. Avec la volonté d’épuiser le spectateur…Carrément, sur les deux heures c’est assez dur de tenir. Là, tu l’as vu par séquences, mais sur la durée les effets reviennent vraiment de manière répétée, avec une batterie quand même assez large. Ça partait aussi d’une volonté de s’insérer dans la fin d’une chaîne de production hollywoodienne classique déjà bien rôdée. Ton projet principal, les lettres de non-motivation, c’est un work in progress permanent ou ça va prendre fin un jour ?C’est un projet qui dure depuis maintenant sept ans : il s’agit de refuser du travail quotidiennement pendant certaines périodes, même si maintenant c’est moins régulier. J’achète la presse spécialisée ou quotidienne, je fais comme si toutes ces petites annonces m’étaient personnellement adressées et je les refuse en jouant différents rôles. Ça peut encore durer, mais là je suis en train de préparer un livre là-dessus, ça ferait peut-être une balise. Sinon, je participe à une expo à San Francisco, où le centre d’art m’envoie les petites annonces du coin ; donc en ce moment je refuse du boulot chez Google, Lucasfilm… Pour ce qui est de la Mallette Ministère de l’Intérieur, tu penses qu’avec l’actualité politique du moment, on peut interpréter l’œuvre comme une dénonciation des misères faites à ce pauvre Nicolas Sarkozy ?Ah… En même temps ça date de l’an dernier, je n’étais pas dans ce contexte-là. Le but était de viser sa fonction au départ, après il se trouve qu’il est candidat et qu’il prend beaucoup de place partout, il peut y avoir une ambiguïté. J’ai essayé que la mallette soit la plus sobre possible, qu’elle tende plutôt vers la fiction. C’est le résultat d’une action réalisée en mai 2006. Je m’étais rendu dans une convention UMP pour récupérer les empreintes du Ministre de l’Intérieur. J’ai fini par pouvoir passer le cordon de sécurité, un agent de sécu m’a placé sur le chemin que Sarkozy allait emprunter, et j’ai pu lui tendre un stylo et son livre qu’il m’a dédicacé. J’ai ensuite fait deux œuvres différentes : une qui serait simplement le bristol avec les empreintes originales, dans l’idée de le ficher, de renvoyer à l’envoyeur ses propres méthodes. L’autre, c’est la mallette, avec un ensemble de tampons faits à partir des empreintes, qui permettent de les reproduire à l’infini. Et cette structure en forme d’avion furtif ? Elle joue un rôle d’accentuation. Un élément défensif ou d’attaque supplémentaire au sein de la bastille, un élément un peu aberrant, pas très loin de l’architecture de Renaudie avec des angles qui vont venir barrer la voûte circulaire, et qui rejoue ce qu’on retrouve à l’extérieur. Elle casse la géométrie, force le spectateur à faire le tour, mais ça reste un décor. Pseudo-Collisionjusqu’au 28 avril, au LIA

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