Mon amie la rose

Bio / Pionnière du rapprochement entre musique moyen-orientale et influences occidentales, Natacha Atlas a démontré, en l’espace de 7 albums solos, que fusion des genres et épanouissement artistique n’avaient rien d’inconciliable. Damien Grimbert

Soyons clairs. En de trop nombreuses occasions, le vocable world music ne sert que d’élégant cache-misère à une soupe pop peu inspirée, péniblement camouflée derrière d’hâtifs emprunts aux musiques ethniques. On garde ainsi en mémoire l’épisode douloureux des compilations lounge, dont l’exotisme de pacotille a violemment discrédité l’authenticité de la démarche de nombreux artistes œuvrant réellement au rapprochement des cultures. Et c’est sans conteste dans cette dernière catégorie qu’officie Natacha Atlas qui, en près de 15 ans de carrière, s’est imposée par son talent et sa générosité, en artiste grand public respectée des deux côtés de la Méditerranée. Issue d’une famille aux origines (Maroc, Palestine, Egypte, Angleterre) et aux confessions (juive, musulmane) multiples, Natacha quitte à l’âge de 8 ans la communauté marocaine de la banlieue bruxelloise qui l’a vu grandir, pour s’installer avec sa mère à Northampton en Angleterre. Pas très à l’aise dans ce nouvel environnement, elle commence néanmoins, dès l’adolescence, à exploiter ses prédispositions pour le chant et pour la danse du ventre traditionnelle (raq sharki). Et fait ses premiers pas sur la scène musicale anglaise au tout début des années 90, partie prenante d’un vivier musical bouillonnant où s’entrecroisent les influences (acid-house, musiques ethniques, rock underground…).AmuletAprès une collaboration avec le groupe balearic Loca, elle fait ainsi la rencontre de Jah Wobble, bassiste/producteur émérite ayant officié dans la formation culte Public Image Limited, puis du collectif Transglobal Underground, au sein duquel elle officiera pendant plusieurs années, et avec lequel elle entretient encore à l’heure actuelle des liens étroits (voir encadré). C’est en 1995 qu’elle sort son premier album solo, Diaspora, encore passablement influencé par ses précédentes expériences, suivi deux ans plus tard d’Halim, opus plus personnel dans lequel elle laisse pleinement percer son amour pour la musique moyen-orientale et nord-africaine. Bénéficiant sur plusieurs morceaux du remarquable travail de production de Youth et Jaz Coleman (du groupe Killing Joke), l’album recueille de nombreux échos flatteurs et impose le style de Natacha Atlas à plus large échelle. Un mélange sophistiqué de musiques traditionnelles, d’électro et de pop-music sublimé par sa voix envoûtante, qu’elle déclinera tout au long de ses albums suivants, Gedida (dont la reprise arabisante de Mon amie la rose, de Françoise Hardy la popularisera auprès du grand public), Ayeshteni (même résultat avec I put a spell on you, de Screamin Jay Hawkins), et Something Dangerous. Si l’on ajoute à cela une parenthèse ambient mystique (Foretold in the language of dreams, avec Marc Eagleton), un album de remixes, un DVD, ou encore son tout frais nouvel opus, Mishmaoul, on comprendra vite que la belle, par ailleurs peu avare en concerts, n’est pas du genre à prendre sa musique à la légère.Natacha Atlasle 3 juin dès 19h, au Stade Bachelard

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