In bed with cinema

BO / Il était normal que la voix unique de Natacha Atlas finisse par séduire les créateurs en tout genre. Malheureusement, les premiers marlous sur la brèche ne sont autres que les studios hollywoodiens, qui se voueront dans ce premier temps à transfigurer ses compos en simple illustration de vignettes orientalisantes (Stargate, Judge Dredd). Pourtant, comme le prouvera la suite, la musique que Natacha Atlas élabore dans ce cadre précis peut avoir la faculté de transcender les scènes qu’elle illustre. Du côté de la France, ce n’est pas mieux : sa musique accompagne la séquence de séduction entre Tabatha Cash et Mustapha Bentiti dans Raï de Thomas Gilou, tandis que Patrice Leconte emprunte Moustahil (extrait d’Halim) pour sa Fille sur le Pont. En 1996, deux cinéastes utilisent enfin à sa juste valeur émotionnelle : le palestinien Elia Suleiman émaille sa Chronique d’une disparition du splendide Leysh Nat’arak ; et notre sud-coréen préféré, Kim Ki-duk extrait également un morceau de Diaspora pour les séquences de peep-show de son très singulier (et assez raté) Wild Animals, à voir ne serait-ce que pour la prestation très décalée de Richard “mais qu’est-ce que je fous là“ Bohringer en chef mafieux. Plus tard, les deux auteurs récidiveront avec un plaisir même pas coupable, respectivement dans Intervention Divine et dans Locataires (où le sublime morceau Gafsa de l’album Halim, passé près d’une demie douzaine de fois - ! - constitue l’unique bande sonore). Quelques détours fâcheux plus tard (deux titres exotiques pour deux James Bond, des dévoiements atroces de Mon amie la rose dans l’horrible Belphégor de Jean-Paul Salomé et de Andeel dans l’indescriptible Félix et Lola de Leconte), Natacha Atlas se réconcilie avec Hollywood là où on ne l’attendait pas, en assurant une bonne partie de la bande-son du Hulk d’Ang Lee. Malgré le peu de rapport qu’entretient a priori son travail avec le sujet, la musique de Natacha donne un éclairage surprenant aux aventures du géant vert, à ses joutes en particulier (et les plus imaginatifs d’imaginer une métaphore de l’ingérence américaine au Moyen-Orient…). Prochainement, Natacha Atlas devrait sauter le pas : après une furtive apparition vocale dans La Vérité sur Charlie, elle devrait interpréter en septembre le rôle principal de Whatever Lola Wants (une new yorkaise part en Égypte pour s’initier à l’art de la danse du ventre) de Nabil Ayouch. FC

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