L'homme de l'ombre

Ce lundi sort le nouveau CD mixé de The Hacker, “And Now”, près de 6 ans après sa précédente excursion dans le domaine. L’occasion de s’entretenir avec l’artiste, avant son passage au Vertigo aux côtés d’Oxia le dimanche 30 avril. Propos recueillis par Damien Grimbert

Qu’est-ce qui t’a incité à sortir ce CD mixé maintenant ?
The Hacker : Je me suis dit qu’il était tant d’en faire un nouveau, depuis le temps… Celui que j’avais fait avant commençait à dater, et puis il était essentiellement électro. Là, j’avais envie de faire un mix un peu plus varié, pour faire voir aux gens qui aiment bien ma musique que j’aime aussi d’autres trucs en techno.

Le fait qu’Oxia et Miss Kittin en sortent chacun un à peu près en même temps, c’est une simple coïncidence ?
Ouais, je crois vraiment. Il n’y a pas eu de calcul ni rien derrière.

Tu avais une idée directrice, quand tu l’as conçu ?
Le concept est très simple, premièrement c’est assez représentatif de ce que je joue en soirée, et puis, comme je disais tout à l’heure, l’idée était surtout de montrer une palette plus variée des types de musique que je peux aimer. Ça va donc de choses électro qui sonnent un peu eighties, à des choses actuelles, minimales, ou techno, plus dark, ou d’autres trucs encore genre Front 242.

C’est un CD mixé sans l’aide d’ordinateur. Pourquoi ?
C’est toujours dans l’idée de faire quelque chose de sincère et d’authentique. Je l’ai fait chez moi, avec deux platines et une table de mixage. Évidemment, je me suis entraîné avant pour faire quelque chose d’un minimum bien quand même, mais je l’ai enregistré tel quel, tel que ça pourrait être, une fois de plus, en soirée, avec les erreurs qui peuvent arriver. Mais ça va, je crois que je m’en suis pas trop mal sorti… Maintenant, moi je trouve qu’il y a un problème, c’est que 90% des compilations mixées sont entièrement retouchées par ordinateur. C’est tout refait, donc c’est parfait, mais je trouve que la perfection, ça peut parfois être un peu ennuyeux aussi. On ne sent pas la personnalité derrière le mix, l’artiste qui se trouve derrière... C’est pour ça que j’ai voulu faire un mix en conditions réelles.

Tu peux présenter quelques-uns des artistes que tu as sélectionnés ?
Il y en a un, c’est Liaisons Dangereuses, Los Ninos Del Parque, un vieux morceau allemand qui date de 1981. C’est vraiment un de mes morceaux favoris tous styles confondus, et je trouve que si on le remet dans le contexte de l’époque, les mecs qui ont fait ça étaient vraiment futuristes, parce que ça sonne très techno alors que ça a été fait près de dix ans avant le premier disque techno. Et c’est aussi un titre, qui, moi, m’a beaucoup influencé en tant que producteur. Je l’ai découvert quand j’ai commencé à sortir en boite à Grenoble à la fin des années 80. Sinon, il y a aussi le morceau de Sleeparchive, mixé juste après, un groupe allemand qui représente la tendance actuelle. Tout le monde parle du minimal qui revient, ou vient, en force, et je trouve que dans toute cette vague de nouveaux artistes, ils se détachent puisqu’ils ont un son particulier, avec une ambiance très spatiale, très cosmique, que j’aime beaucoup. Bon, j’ai mis un morceau de Kiko aussi, parce que c’est un pote à moi et que j’aime bien sa musique, et surtout ce morceau-là, que je trouve vraiment bien. Celui de Front 242, je l’ai mis pour les mêmes raisons que celui de Liaisons Dangereuses, c’est un vieux morceau, mais qui pour l’époque était très avant-gardiste, et qui m’a aussi beaucoup influencé en tant que musicien. Et puis pour finir, le morceau des Anglais de GTO, Pure. Ça, pour moi, c’est vraiment un morceau qui représente les premières raves où je suis allé, en 92-93. C’était un des morceaux-phares de l’époque, et je voulais aussi que ce vieux style, un peu rave comme ça, que j’aime beaucoup en techno, soit présent dans le CD. Au total, il y a une majorité d’artistes européens… Oui, à part Juan Atkins (sous le pseudo Model 500), Perspects, et Mount Sims, trois artistes américains. Sinon c’est essentiellement européen, c’est vrai, mais c’est à l’image de ce qu’il se passe en ce moment sur la scène techno ; en termes de production, ça se passe essentiellement en Europe.

Quel est le dernier CD mixé qui t’ait vraiment marqué ces derniers temps ?
C’est un peu particulier, c’est un mix de DJ Hell, qui s’appelle Hellboy. Il n’est pas vraiment sorti dans le commerce, il est trouvable, mais n’a pas été très bien distribué. Il n’y joue que des trucs disco, ou début années 80, électroniques, assez obscurs, et j’aime beaucoup ce style-là.

Tu as déjà de nouveaux projets en vue ?
J’ai pas mal de remixes qui vont sortir, je suis en train d’en faire un pour Nitzer Ebb, des Anglais, et un autre pour le label Lasergun, en Allemagne. Il n’y a pas longtemps, j’ai fait un remix pour Indochine, c’était rigolo... Et puis je vais sortir un nouveau maxi cet été, sur Goodlife, avec de nouveaux morceaux. Ça va sûrement s’appeler Art et Industrie, un nom un peu snob, mais marrant. Et, a priori, un nouvel album l’année prochaine, si je ne suis pas trop feignant.

Les remixes, ça fait partie intégrante de ton travail ?
Oui, c’est quelque chose d’important, je m’investis autant dans un remix que quand je fais un morceau pour moi. Et puis, ça permet de toucher un public qu’a priori tu ne pourrais pas toucher. Quand tu remixes un groupe pop ou des choses comme ça, par exemple…

Et cette soirée du 30 avril au Vertigo ?
Ça va un peu être notre retour, à Olivier / Oxia et moi, au Vertigo, ça fait un bon moment qu’on n’a pas joué là-bas. On fait cette soirée tous les deux à l’occasion de la sortie de nos compils respectives, et je pense que le mot d’ordre, ça va juste être de faire la fête avec tous les potes qui vont être là, tout le monde... Ça va être cool.

The Hacker le 30 avril, au Vertigo

Album : “And Now“ (UWE/Discograph)

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