Abou-Khalil / À l’image de nombreux bambins de son pays natal (le Liban), Rabih Abou-Khalil s’emploie dès son plus jeune âge (5 ans !) à faire vibrer le oud, instrument aux mille possibilités sonores ; il sera en revanche le précurseur de son intégration à la sphère du jazz. Retour à Beyrouth, en 1978. Rabih devra quitter le pays à l’âge de 21 ans, alors que la guerre civile s’emploie à mutiler ses origines. Il s’installe à Munich, en Allemagne, pour ne plus repartir. Il y étudiera l’art de la flûte avant de revenir vers son instrument de prédilection, avec en ligne de mire un projet musical des plus casse-cous, dont ses multiples collaborations à venir se feront le reflet permanent : mélanger les métriques alambiquées de son héritage traditionnel aux savantes extrapolations du jazz et de la musique contemporaine. Parmi ses compagnons réguliers, il n’est guère étonnant de retrouver le tubiste influencé didjeridoo Michel Godard (dès l’album The Sultan’s Picnic en 1994), l’improvisateur et violoncelliste forcené Vincent Courtois, ou le sax ténor Ellery Eskelin aux côtés des maîtres percussionnistes Ramesh Shotam et Nabil Khayat, souvent sur les mêmes albums. Parmi les plus représentatifs de cette bouillonnante et efficace mixture, retenons Blue Camel (1992), Arabian Waltz (1995) ou le somptueux Cactus of Knowledge (2001), tous sortis sur Enja Records. Citons également Il Sospiro, unique album solo du maestro à l’intimité bouleversante. Sur sa dernière excursion discographique, Journey to the Centre of an Egg, Rabih Abou-Khalil s’est entouré de Jarrod Cagwin aux percussions et du piano du grand Joachim Kühn (qu’il précédera sur la scène de la MC2 en clôture du festival – l’on se prend à fantasmer d’une performance scénique commune impromptue lors de la soirée). Cette formation rêvée nous offre, en fait de voyage au centre d’un œuf, une matière musicale envoûtante à l’extrême, qui vous accroche l’oreille dès le premier morceau pour ne plus vous la rendre. Un trip free oriental aux beautés sans cesse renouvelées. FCRabih Abou-Khalille 1er avril, à la MC2Album : “Journey to the Centre of an Egg“ (Enja Records Harmonia Mundi)
