Glasgow pas rangés

Musique / Événement hors catégorie de la semaine, Franz Ferdinand va faire transpirer les spectateurs grenoblois grâce à un nouvel album qui confirme son statut de meilleur groupe rock du moment. Christophe Chabert

Quand un groupe sorti de nulle part réussit avec son premier album à mettre d’accord et la presse et le public, le virage du deuxième se termine presque toujours dans le fossé. Rappelez-vous des Strokes : Room on fire ne déméritait pas par rapport à Is this it, mais son envie de changement fut plutôt mal comprise. C’est avec cette angoisse chevillée au ventre que l’on se préparait à écouter You could have it so much better, nouvel opus de Franz Ferdinand, un an à peine après leur fracassante entrée dans le paysage rock avec un album sans titre mais pas sans tubes. Des kilotonnes d’exemplaires écoulés, des concerts épiques, des fans en transe : les Écossais se sont fait une place au soleil de la mythologie rock, et ils auraient pu en profiter pour prendre des vacances à Honolulu ou se faire construire une maison dans les Highlands. Que nenni ! Battre le fer tant qu’il est chaud, telle semble être la devise de Franz Ferdinand, ce qui n’a rien d’étonnant pour un groupe qui sait mieux qu’aucun autre faire monter la température et maintenir l’ébullition.Fallen in loveLe premier single tiré de ce deuxième album, Do you want to, n’était pas rassurant : mélangeant hymnes de stade et gaudriole rock, il frisait l’autoparodie. Curieuse manière de vendre un disque qui ne tombe pourtant jamais dans la redite, tout en répétant avec insistance que Franz Ferdinand, c’est d’abord un style. Car You could have it so much better retrouve très vite les traits les plus plaisants de leur musique, qui tient toute entière dans sa manière d’arrondir les angles sans aseptiser son énergie. The Fallen est en cela le chef-d’œuvre provisoire de Franz Ferdinand : en trois minutes trente, on passe par une variété hallucinante de mélodies accrocheuses, le chanteur et guitariste Alexander Kapranos faisant preuve d’une musicalité sidérante dans sa façon de faire danser les mots au diapason des arrangements démentiels du groupe. Le miracle se reproduit dès Walk away où il s’essaie à une douceur chuchotée, infusant une tristesse inédite et magnifique. C’est le grand défi relevé par Franz Ferdinand : célébrer l’union entre ce nouveau rock qui fait chavirer la planète et une intimité retrouvée ; réconcilier les Stones (sur I’m your villain, la mélodie cite explicitement Miss you) et les Beatles (Eleanor put your boots on : on s’y croirait !), plutôt que de les imiter servilement, les faire forniquer pour accoucher du plus bel enfant de l’histoire rock. De l’Écosse musicale, on connaissait les guitares ombrageuses de Mogwai et le spleen érotique d’Arab Strap ; Franz Ferdinand nous fait visiter celle des pubs blindés et des happenings déjantés. On aime beaucoup l’Écosse.Franz Ferdinand + editors en 1ère partieLe 4 novembre dès 20h, au Summum“You could have it so much better” (Domino/PIAS)

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