musique / Réunion imparable de bidouilleurs de breaks électro made in Jarring Effects (L’œuf Raide, Twelve, et Rimshot d’Interlope) accompagnés de l’émérite DJ Sylilo, la soirée Boem de ce jeudi s’annonce des plus enthousiasmante.
Damien Grimbert
S’il s’est avant tout fait connaître par le biais de ses formations électro-dub ravageuses (High Tone, Ez3kiel…), le label lyonnais Jarring Effects recèle également en son sein de nombreuses artistes plus orientés breakbeat, mais tout aussi alléchants. A commencer par le racé duo parisien Interlope (dont seul l’un des membres, Rimshot, sera présent) qui s’est fait connaître par ses productions influencées drum’n’bass sur le label (recueillies sur l’excellente compilation de maxis Computer Selecta), avant de sortir en novembre dernier son deuxième album, Electrified, chez Expressillon. Malgré des sonorités toujours aussi abrasives, le duo met un brin la pédale douce sur les BPM, privilégiant un breakbeat electro-hip-hop sans concession sublimé à l’occasion par le flow des MCs invités. L’ensemble est frais, rageur, et volontiers expérimental, et même seul, Rimshot ne devrait pas avoir trop de mal à faire bouger les têtes. A ses côtés, on retrouvera Twelve, DJ d’High Tone et membre actif de son Big Dub Sound System, qui s’est depuis peu lancé dans la production, en collaborant dans un premier temps à la bande-son d’un spectacle de danse contemporaine (Lenteur, en 2002), puis en lançant une série de 4 maxis, bénéficiant chacun d’un producteur différent. Entre abstract hip-hop, dub, jungle, ambiances ethniques et cinématographiques, on découvre un univers plutôt downtempo mais pourtant prometteur, baigné d’infrabasses lancinantes. Prochaine étape, un premier album, à sortir au printemps.Electro’meletteMais l’artiste sur lequel on parie le plus est peut-être le talentueux L’Œuf Raide, ancien chanteur de punk/hardcore (Tong), reconverti dans l’électro/hip-hop breaké. Il fait ses débuts au Printemps de Bourges en 2001 avant de sortir 3 maxis (Gobez L’œuf, A la coque, et Hop Là) sur le label, suivis d’un excellent premier album (13 à la douzaine, hautement recommandé) en 2003. Refusant les guerres de chapelles, l’homme y fusionne expérimentations dissonantes sous influence Aphex Twin / Squarepusher, anthems breakbeat méchamment efficaces (Caïn & co), partages en live jungle/drum’n’bass, abstract hip-hop dark et accrocheur, délires 8-bits, et digressions ethniques. Imposant des ambiances sonores ultra prégnantes, témoins d’un univers musical franchement personnel, tout en restant violemment dansant sur un dancefloor, L’Œuf Raide collabore également depuis quelques années avec le video-jockey Tanguy, qui apporte sa touche visuelle, urbaine et décalée, aux délires musicaux de l’artiste. En live, l’accent est particulièrement porté sur le rendu sonore, transformant l’exercice en expérience haletante, à la fois cohérente et ultra-diversifiée. L’Œuf Raide, Twelve, Rimshot, et Sylilole 10 février à l’ADAEP
