Clotilde Le Coz, 24 ans, responsable du bureau Internet et Libertés À Reporters sans frontières, est la gardienne d’un phare numérique qui veille à ce que les publications ne s’échouent pas sur l’écueil de la censure. Elle sera, aussi, le porte-Étendard de la 1ère Journée pour la Liberté d’expression sur Internet. Propos recueillis par Guillaume Roche
Pouvez-vous nous parler de cette journée ? Clothilde Le Coz : Elle se déroulera à l’échelon international du 12 au 13 mars durant 24 heures en Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Tunisie, Égypte, Érythrée, Turkménistan et Viét-nam. À travers cette opération, Reporters Sans Frontières (RSF) souhaite sensibiliser les personnes au problème de la censure. Il y aura des rassemblements en France et dans ces pays ? Attention, ce ne seront pas des rassemblements physiques, mais une manifestation virtuelle ! C’est-à-dire ? À partir d’une plateforme créée spécialement pour l’occasion sur notre site (ndlr : www.rsf.org), les gens concevront un avatar et composeront un slogan sur une banderole. Ensuite, ils choisiront un pays cité ci-dessus afin de placer leur personnage. Pour exemple, si un internaute choisit la Chine, l’avatar sera catapulté sur la place Tien An Men, un lieu symbolique car les étudiants y avaient manifesté le 4 mai 1989. On a repris les ingrédients traditionnels d’une manifestation pour les replacer dans l’espace Internet. Nous avons fait ce choix-là afin de protéger les cyberdissidents.Qu’est-ce que RSF va concrètement en retirer ? En donnant aux personnes une liberté de choix, il sera possible de mesurer leur opinion et savoir également les pays qu’ils considèrent êtres les plus censurés. Puis suite à cette journée, il sera publié et diffusé un rapport sur les “ennemis d’Internet”. Avec l’explosion et démocratisation du web, vous menez une croisade sur la toile, non ? Nous nous battons pour la liberté de la presse, et ce, pour tous les médias. Mais il est vrai que les télévisions, radios et journaux rencontrent forcément plus le problème de la censure car ils sont plus facilement contrôlables, ce qui n’est pas le cas avec internet. Mais il existe des entraves. Des gérants de cybercafés doivent relever l’identité de leurs clients, des moteurs de recherches acceptent de censurer volontairement des pages web afin d’être autorisés à pénétrer des marchés. En Chine, le gouvernement joue même sur l’idée d’autocensure : l’internaute voit apparaître toutes les 30 minutes un petit policier numérique sur son écran. Bref, les techniques ne manquent pas ! En résumé : Internet est un eldorado en expansion et explosion ? Le web est encore un espace de liberté ou il est difficile de surveiller toutes les informations qui circulent. En partant de ce constat, il est naturel pour RSF de s’intéresser au phénomène et surveiller à ce que les gouvernements ne cherchent pas à le contrôler complètement. Ainsi, c’est dans cet état d’esprit que nous avons édité le Guide du blogger et du cyberdissident, un véritable manuel pour blogger en sécurité et incognito, pour ainsi dire !1ère journée pour la liberté d’expression sur internetdu 12 au 13 mars via www.rsf.org
