Looking for Clarice

Théâtre / Avant de s’attaquer à Macbeth la saison prochaine, Pascal Mengelle ouvre la compagnie La Saillie à une expérience collective autour de l’œuvre de l’auteur brésilienne Clarice Lispector. Petit entretien à l’occasion de la présentation publique d’une étape de travail. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : Qu’est-ce qui a motivé la mise en chantier de cette création ?
Pascal Mengelle :
Il y avait au départ l’interrogation sur le fait d’articuler le projet autour d’une écriture. Je voulais essayer de ne pas fonctionner d’une manière traditionnelle, et justement intégrer les collaborateurs du spectacle – Violetta Todo au jeu, Lionel Palun aux images, Jérôme Vion au son, Léo Garnier à la lumière – sur un projet plus collectif, tenter de tisser le spectacle ensemble. Le fait de se poser sur une écrivaine, ça restreint déjà le champ de travail, après, on peut se lancer dans le processus de création artistique.Comment l’écriture de Clarice Lispector s’est-elle imposée ?
J’ai une histoire ancienne avec elle. J’ai vécu mon adolescence au Brésil, je l’ai découverte là-bas. C’est une grande écrivaine, très populaire dans son pays, ce qui peut paraître étrange. Elle a une écriture très contemporaine, instinctive, très singulière et pas forcément accessible. Mais elle a aussi écrit des contes pour enfants, toujours bizarres et inquiétants, ce qui la rend assez incontournable. J’avais eu un coup de cœur pour l’un de ces contes, j’en avais traduit un que je voulais monter sur scène au tout début de la compagnie, puis le spectacle est devenu autre chose.
Clarice Lispector a une écriture très belle, très sensible, qui peut agacer parfois dans son côté quasi narcissique, très centré sur l’intériorité, mais en même temps ça reste juste et troublant. Et surtout très libre, tu sens dans de nombreux passages qu’elle ne soucie pas d’écrire d’une manière ou d’une autre, elle écrit presque comme un enfant, parfois, mais dans le sens noble, d’une certaine innocence – et cet esprit correspondait bien à notre volonté d’être libres sur ce spectacle.Le choix d’un montage de textes, c’est une façon de dévoiler au mieux la richesse de son œuvre ?
Il y a toujours eu l’idée de ne pas être dans une narration classique, qu’il n’y ait pas d’histoire. On s’est adapté au mode de travail par séquences pour poser un point départ. On a des matériaux d’écriture plus qu’un vrai texte de théâtre, chez Lispector, il y a rarement des intrigues mais surtout des récits très intériorisés. On travaille sur cet aspect, notamment via le dispositif scénique, qui joue fortement sur la proximité, et qui aurait vocation à pouvoir être installé dans des lieux atypiques.

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