Nuits Sonores

LA PREUVE PAR 6 6e édition pour le festival « électro & indie » lyonnais, qui a réussi, en l’espace de quelques années, à s’imposer parmi les incontournables européens. En se donnant les moyens de ses ambitions, certes, mais également, à l’instar du Sonar de Barcelone, en jouant la carte d’une programmation pointue et sans compromis. Aux têtes d’affiches vendeuses et aux paillettes, les Nuits Sonores opposent une sélection touffue, mais extrêmement diversifiée : alternant sans sectarisme house et breakcore, minimale et cheap music, le festival s’ouvre aussi largement au rock et au hip-hop, offrant au final un vaste aperçu de la création musicale indépendante actuelle.
Et ce pari de l’éclectisme, le festival le décline à bien d’autres niveaux : accueillant aussi bien scène locale qu’artistes internationaux, précurseurs aux cheveux gris que jeunes prodiges à peine majeurs, les Nuits Sonores misent également sur la variété des formes proposées et des lieux d’accueils, répartis entre friches industrielles, lieux emblématiques du patrimoine, clubs, salles de concerts, bars, cinémas et galeries.
Une véritable bouffée d’air frais, à l’heure où l’homogénéisation des salles de concert prend des proportions inquiétantes. En termes de thématiques, enfin, on retrouvera cette année encore le parcours Images Sonores, qui associe arts numériques et créations visuelles et musicales, la mix session All Day Long à la Piscine du Rhône, cette année offerte aux fondateurs de Body & Soul, mythique soirée house new-yorkaise, et la célèbre Carte Blanche consacrée à une ville, réunissant sur toute la durée des 5 jours une sélection de concerts, films, documentaires, et rencontres. Élue de cette année, Berlin, un choix qui tombe sous le sens au vu du rôle majeur joué par cette dernière dans l’histoire des musiques électroniques européennes.
Festival Nuits Sonores, du 7 au 11 mai à LyonSÉLECTION ÉLECTRO
Devant un tel déferlement d’artistes en quelques jours, difficile de ne pas se sentir rapidement submergé. Ce qui constitue somme toute une raison relativement valable de se raccrocher à quelques valeurs sûres de la scène électronique française.
Ça tombe bien, des artistes fédérateurs comme Laurent Garnier, Agoria, ou Oxia sont justement là pour ça.
Une fois la tête hors de l’eau, on se dirigera tant bien que mal vers le set de la légende de Detroit Jeff Mills, fondateur aux côtés de Mike Banks du mythique label Underground Resistance au début des années 90. Et si l’on est en droit de préférer ses premiers tubes incisifs créés au fin fond de l’industrielle Motor City à ses expériences plus récentes aux côtés d’orchestres philharmoniques, pas question de manquer pour d’aussi fallacieux prétextes son passage derrière les platines.
Une fois sa respiration reprise, et sa confiance en soi regagnée, on s’aventurera ensuite vers des territoires moins balisés, à la découverte des petits génies en herbe de l’électro française. On pense aux révélations du label Ekleroshock, le talentueux Data et son non moins méritant successeur Danger (ne manquez pas son excellent premier maxi, 11h30, sorti courant décembre), mais également au Parisien tapageur The Toxic Avenger, et à la nouvelle scène lyonnaise représentée par Nil et Spitzer, qui ne devrait pas manquer d’en surprendre plus d’un.
Enfin, pour se remettre de ces émotions fortes, on hurlera à la lune torse nu et un sourire inquiétant aux lèvres, sous l’influence des sonorités déviantes des artistes 8-bits et breakcore réunis par les collectifs BRK et MicroMusic, à l’occasion de leur Micro Chaos Party, organisée dans le cadre du circuit électronique.SÉLECTION INDIE
Sorti des musiques électroniques, la programmation des Nuits Sonores propose également quelques très belles surprises. Pour commencer, difficile de passer au côté du très attendu concert spécial d’Einstürzende Neubauten, formation culte (oui, pour une fois, le terme est pleinement justifié) née dans la grisaille du Berlin du tout début des années 80.
Référence ultime en matière de musique expérimentale et industrielle, ce groupe profondément engagé et rebelle à toute forme de convention pop s’est démarqué dès ses fracassants débuts par son amour immodéré pour les outils de récupération et les échangeurs autoroutiers.
Aux côtés de cet événement majeur, il faudra également compter avec la venue de quelques autres glorieux ancêtres, comme les formations punk anglaises Wire et The Buzzcocks, Mary Weiss, chanteuse et leader des Shangri-Las, groupe phare des 60’s originaire du quartier du Queens à New York, ou encore le vénérable vétéran jazz-funk 70’s Roy Ayers.
Place ensuite au hip-hop dans son versant le plus créatif et le plus expérimental, avec une poignée d’artistes parmi les plus influents du genre.
On pense notamment au parrain tokyoïte de l’abstract hip-hop minimaliste DJ Krush, ex-yakusa devenu surdoué zen des platines, au rap oppressant et noisy du talentueux combo du New Jersey Dälek… Sans oublier le surdoué producteur Scott Herren alias Prefuse 73, qui oscille d’un album à l’autre entre hip-hop, électronica glitchée, jazz, et rock et délivrera pour l’occasion un live au sein de l’amphithéâtre de l’Opéra de Lyon dans le cadre d’Images Sonores. Enfin pour conclure en beauté, comment ne pas évoquer le grand retour des pionniers new-yorkais de l’électro hip-hop expé Anti-pop Consortium, reformés fin 2007 après une longue parenthèse.NUITS SONORES : MODE D’EMPLOI
Les Nuits : Principal temps fort du festival, les nuits du mercredi, vendredi et samedi regroupent une bonne partie des têtes d’affiches, et se dérouleront cette année au sein de l’ancienne usine SLI
Circuit électronique : Organisé le jeudi, il regroupe 9 soirées électroniques gratuites aux quatre coins de la ville, chacune initiée par différents collectifs d’assos.
Apéros & siestes sonores : Parce que serait une soirée sans apéro préalable, et que chiller en plein air sur de l’électro le dimanche aprèm’, c’est une certaine vision du bonheur.
Village Mixmove : Trois jours de rencontres avec les professionnels du secteur : ateliers, conférences, projections, showcases, stands…
Extra ! : Comme son nom l’indique, tout le reste : expositions, performances, lives, il y a de quoi faire… et c’est gratuit.

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