Les complaintes de l'homme éléphant

BIO / Impossible de retracer le parcours exhaustif de ce musicien nomade. De catégoriser fermement sa musique de punk manouche nourrie aux esthétiques de tous les continents. On ne peut qu’extraire des fragments de vie qui ont contribué à faire de Fantazio ce génie de la composition torturée. FC

À l’âge de huit ans, un petit garçon fait une fixette sur le film Elephant Man de David Lynch, qui vient de débarquer sur les écrans. Croyant dans un premier temps qu’il s’agit d’un super héros capable de se transformer en pachyderme, il entretient par la suite une véritable angoisse quant au sujet réel de l’œuvre (qui cessera en 2001, quand il décidera enfin de voir le film – il en sortira assez déçu).
Cinq ans plus tard, le garçon devient punk et adopte le surnom de Fantazio. Entre temps, sa grand-mère lui a offert une croix à porter : une contrebasse, qu’il trimballe partout où il va, sans savoir en jouer. Un instrument contondant qu’il maîtrisera de sa si personnelle perfection au bout de quelques années, «un substitut maternel qui lui garantit un semblant de raison». Fantazio vivote, provoque les rencontres, boit, fume, mange, dort, squatte, survit, joue, joue et joue encore. Se retrouve à Berlin, dans un appartement qu’on lui a prêté. Propose ses services musicaux avec succès, enchaîne jusqu’à dix concerts par jour dans des bars, galeries, friches, appartements. Performances
Il part ensuite trois mois au Japon, où ses plans tournent court. Il fait un temps la manche, se retrouve bringuebalé de gauche à droite. Fait un crochet par l’Angleterre avant de revenir en France. De retour à cette foutue case départ, il décide de trouver d’autres musiciens pour l’accompagner dans ses frasques sonores. Au bout de deux trois ans, son gang est constitué, prêt à le suivre dans ses expérimentations musicales : nulle place pour une structure classique dans l’agencement des morceaux, le sieur Fantazio ne déteste rien tant que les formats carrés où chacun ferait son solo au moment convenu, où l’on fait deux titres dont une reprise pour le rappel avant de saluer, merci m’sieurs dames au revoir.
D’un live à l’autre, les morceaux sont triturés dans tous les sens, rallongés ou raccourcis de cinq minutes, ponctués de hurlements ou de digressions en espagnol, italien, anglais ou japonais. Fantazio peut partir d’un moment à l’autre dans un monologue de tout ce qui lui passe par la tête. S’il a accepté de figer une partie de son répertoire sur CD en 2005 avec The Sweet Little Mother Fuckin’ Show, c’est par volonté de laisser une trace, mais aussi pour tirer un trait sur de vieux morceaux. Fantazio, ou la musique en mouvement perpétuel.

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