Club des 13 contre Vendredi 13

Analyse / Les cinéastes français font bien peu de politique sur les écrans, mais ils se rattrapent dans les salons, dans les journaux et sur internet. Depuis plus d’un an, c’est un festival de déclarations, rapports et pétitions qui tous crient misère et haro sur le baudet. On comprend bien que l’emprise de quelques costards-cravates sortis d’HEC sur la production, associée aux stratégies agressives de certains exploitants peuvent mettre les nerfs à vif des créateurs — et ne parlons pas du désengagement culturel mené par le gouvernement. En fait, cette grogne généralisée mais sans mot d’ordre global en dit long sur l’atomisation de la production et le communautarisme culturel des réalisateurs. Ainsi, le Club des 13 emmené par Pascale Ferran, prônant un improbable «cinéma du milieu» (qu’on appelle ici le cinéma Télérama), a vu surgir telle une mauvaise conscience le Club du Vendredi 13, collectif regroupant des producteurs, auteurs et réalisateurs de films de genre. À l’origine de ce mouvement, la triste mésaventure de Martyrs, d’abord interdit aux moins de 18 ans par la Commission de classification des films, finalement revenue sur son absurde décision. Mais l’histoire a permis à beaucoup de vider leur sac, notamment pour fustiger les circuits refusant de sortir ce type de films, violents et dérangeants. Un reproche qui rejoint celui des «auteurs populaires», estimant que leurs films ne sont pas assez exposés face aux productions commerciales. On pouvait s’attendre à une jonction des deux revendications. Mais pas du tout ! Au contraire, la crispation caricaturale des deux camps a produit un petit jeu larvé du plus brimé par les méchants investisseurs. Brimades loin d’être fictives, certes… Mais ces cinéastes ne contribuent-ils pas, à force d’auto-définition et de repli sur des «types» de cinéma, à accélérer la mort de la curiosité chez le spectateur, dessinant la vision cauchemardesque d’un monde où le geek va voir des films de geeks pendant que l’intello va voir du cinéma d’auteur et le beauf de la comédie décérébrée ? Et où ses catégories, aussi caricaturales qu’un sondage d’opinion, finissent par trouver une existence réelle, justifiant les pires théories marketing que les mêmes cherchaient à combattre. On va finir paranos à ce rythme…
CC

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