Russell Maliphant, maître anglais de la danse contemporaine, présente avec sa compagnie trois pièces de son cru. L'occasion de nous pencher avec lui sur sa recherche d'un esthétisme original. Aurélien Martinez
Le style Maliphant, éminemment reconnaissable, évolue au fil du temps. Au cours de sa carrière, il développe un style propre, basé sur l'auto-retenue et la maîtrise du corps dans l'espace. Deux aspects qu'il retrouve dans les arts martiaux qui irriguent son travail (le solo Flux en est un parfait exemple). « J'utilise différentes techniques, pour établir un lien entre le rapport au sol, la gravité, et la liberté du corps ; le fait que les mouvements aillent dans les deux directions, entre le haut et le bas, le sol et l'espace... Et je retrouve pleinement cette idée dans les arts martiaux. » D'une extrême fluidité, ses créations ne se placent pas tant dans le côté purement technique que dans l'exploration d'une certaine harmonie visuelle. Harmonie qui s'illustre parfaitement par le travail réalisé depuis quatorze ans avec le « designer lumières » Michael Hulls. Ensemble, ils essaient de modifier la perception du mouvement à l'aide de la lumière qui devient plus qu'un simple accessoire scénographique. « Sur le plateau, tout est évidemment essentiel, mais le travail sur la lumière imprime une forme, un esthétisme. Si vous faîtes un geste lentement, qui descend, et que la lumière devient de plus en plus forte, vous avez une juxtaposition entre le mouvement et cette lumière, la première sculptant magnifiquement le geste du danseur. »Maliphant x 3
En 2003, Maliphant croise la route de la ballerine rebelle Sylvie Guillem avec Broken Fall. Push est néanmoins la première pièce interprétée conjointement par les deux artistes. Créée en 2005 au Saddler's Wells de Londres, elle a notamment été jouée fin 2006 à l'Opéra de Lyon. Mais pour sa présentation à La Rampe, ni Maliphant ni Guillem ne seront sur scène. Les interprètes de la Russell Maliphant Company prennent le relais pour ce duo savamment construit autour du corps et de son expression, qui devient une lente et sensuelle connexion. Une danse athlétique et minimaliste que l'on retrouve dans le solo Flux, dansé à l'origine par Maliphant lui-même, et dans la pièce Small Boats, créée avec l'artiste vidéaste Isaac Julien. Trois facettes du style Maliphant et trois moments d'une grâce intense.Flux / Small boats / Push
Mardi 25 novembre à 20h, à la Rampe (Echirolles)