Réveiller le Pone qui est en toi

Soirées / En attendant la sortie, très attendue, du nouvel album de Birdy Nam Nam, DJ Pone sera en DJ-set ce samedi au Bar MC2. On a profité de l’occasion pour l’interroger en long et en large. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Tu as commencé le turntablism à quel âge ?
DJ Pone : J’avais quinze ans. Il y avait une émission de rap dans la ville où j’habitais, le DJ scratchait souvent, ça m’intéressait pas mal, mais je ne comprenais pas trop ce que j’entendais. Un peu plus tard, un pote m’a fait une démo, ça m’a fait halluciner. Il m’a prêté une platine, une table de mixage, et voilà... C’était un peu “la révélation“. Ensuite je me suis mis à scratcher, à faire des compétitions… C’est venu très vite.Tu écoutais quoi à l’époque ?
Au début, un peu tout et n’importe quoi, comme tout le monde, et puis après des trucs comme Guns’n’Roses, Run DMC, Beastie Boys... J’aimais déjà bien le punk rock, les Bérus et les Beastie, je les ai découvert à peu près à la même période, en 88/89. Dans le rap, j’étais surtout attaché à des groupes comme House of Pain, ou Funkdoobiest plutôt qu’à des trucs comme De La Soul ou A Tribe called Quest, même si c’était bien aussi.On peut revenir sur ton parcours pré Birdy Nam Nam ?
Le premier groupe que j’ai intégré en tant que DJ sur scène, c’était la Scred Connexion, par le biais de Cut Killer et du Double H. Sur la tournée Opération Freestyle, j’avais fait connaissance avec Oxmo, 113... À cette époque, on était tous assez jeunes, entre 18 et 20 ans. Donc j’avais rencontré Fabe, et fini par faire DJ de la Scred Connexion, et aussi une émission de radio avec lui. À peu près à la même époque, j’ai rencontré les Svinkels, dont je me sentais vraiment proche, sur la même longueur d’onde. Et j’ai bossé avec Triptik aussi, j’avais rencontré Blackboul et Dabaaz, et pareil, j’ai fait DJ pour eux parce qu’on s’entendait super bien…Et à côté de ça il y avait les compétitions, c’est par ce biais qu’a été crée mon premier groupe de DJs (Scratch Action Heroes, ndlr) qui ensuite a évolué en Birdy Nam Nam. Quelle était ta contribution au sein de ces groupes ?
Ils avaient tous déjà des producteurs : Triptik avec Drixxxé, Nikus Pocus et Ludo avec Svinkels… Donc je donnais mon avis sur des trucs, je travaillais en studio, je bossais des scratches, mais finalement, j’arrivais à chaque fois dans des groupes où les mecs se connaissaient depuis plus de 10 ans, donc ça n’a rien à voir avec un groupe comme Birdy, où là, on est vraiment à la base de la création.Au fil du temps, tu as découvert de nouvelles scènes musicales ?
La scène drum’n’bass, je connaissais déjà par les soirées, sans m’y intéresser plus que ça. Mais j’avais des potes très actifs sur cette scène comme Elisa do Brasil, Soper, et j’ai commencé à rentrer plus dedans il y a quelques années. Et puis par le biais des connexions que j’avais avec TTC et Institubes, Mehdi et Ed Banger, à l’époque où ce n’était encore qu’une petite scène, je me suis largement ouvert à l’électro. En revanche, au fil des ans, le rap a commencé à prendre une tournure qui ne m’a pas du tout parlé, et c’est vrai que maintenant, je n’en écoute plus du tout, et quand j’en joue en soirée, ce qui est très rare, c’est que des vieux trucs. J’ai du mal à jouer des nouveautés, à la fois parce que je n’y connais rien, et que ça ne m’intéresse plus trop. Aujourd’hui, c’est sûr que je suis plus orienté vers la musique électronique.Justement, tu passes quoi en DJ-set en ce moment ?
Je sais pas, les derniers trucs de Oizo, Fake Blood, Boys Noize, Sebastian, Surkin, Adult, Kap Bambino… Ensuite, je télécharge comme un salaud, donc j’ai pas forcément les noms en tête, et du coup, je te cite que les trucs les plus connus… Mais, je passe aussi des vieux trucs, ce n’est pas forcément que de l’électro turbine de soirée, même si ça reste bien énergique. Mais maintenant, sur la scène électronique, il y a tellement de monde et ça va tellement vite que toutes les semaines tu découvres de nouveaux gars…Du coup, d’une semaine à l’autre, ton DJ-set change du tout au tout ?
Non, pas trop, parce que quand je trouve des bons enchaînements en soirée, j’aime bien les refaire quelques fois. Ensuite, je ne fais pas 10 000 soirées non plus, donc je ne suis pas à acheter des skeuds toutes les semaines comme un gros dingue. Là, je sais que je vais faire quelques DJ-sets, dont celui de Grenoble, donc j’ai chopé un peu de son pour l’occasion, mais en même temps, j’ai encore aucune idée de ce que je vais jouer.Et ce nouvel album de Birdy Nam Nam ?
Il s’appelle Manual for successfull rioting, on vient de le finir, et là on est en train de bosser sur le nouveau live qui va avec, qui est quasiment 100% différent de celui avec lequel on a tourné depuis un an. Globalement, l’album est plus énergique, beaucoup plus rapide en termes de rythmiques, les sons sont nettement plus électroniques... Après, ça reste quand même des morceaux avec beaucoup de mélodies, et qui sont tous hyper différents, c’est pas toujours la même rythmique, les mêmes sons… Mais ça représente vraiment une évolution, c’est très électronique. On a utilisé des machines, pas juste des platines et des vinyls, et puis le logiciel Serato, qui te permet de scratcher n’importe quoi, donc on va beaucoup plus vite, le son est mieux, les possibilités plus grandes, Et surtout, on a la capacité d’utiliser nos propres sources de sons, on n’est pas obligés de taper des samples à droite à gauche comme avant. On s’est surtout samplés nous-même, en fait. Après, je pense que l’album va vraiment trancher notre public en deux, il y en a qui vont détester et d’autres qui, j’espère, vont adorer, mais il n’y aura pas de juste milieu. Le truc, c’est qu’on travaille et qu’on se remet en question, sans cesse, donc on ne peut pas appliquer la même formule, faire un 2e album comme le premier, 5 ans après. Le premier album, j’avais 25 ans, aujourd’hui j’en ai trente, j’ai une gamine, j’aspire plus aux mêmes choses, plein de trucs ont changé. Sinon, l’album est entièrement produit pas Yuksek, et il y a un morceau qui est produit par Justice.J’imagine que le succès du premier vous a surpris ?
Évidemment ! Après c’est un succès d’estime, pas en termes de vente de disques. On n’est pas un groupe qui vend 100 000 albums, on n’est pas plein d’argent, mais on a énormément tourné, et on est hyper contents de ça. Honnêtement, le premier album, on comptait en sortir 1000, et on ne savait même pas qu’on allait faire des concerts ! C’est pour ça qu’il sonnait très cool, on n’imaginait pas faire de la scène, donc on faisait plus de la musique d’appartement.Alors que maintenant c’est devenu un élément primordial…
C’est clair que l’avenir de la musique, il est sur la route et dans les salles de concert, c’est pas les ventes de disques qui te font survivre. Avec Birdy on a eu une chance énorme, c’est que très vite, les gens ont accroché au projet et on s’est retrouvé à jouer devant des salles pleines. Au début, c’était 200, 300 personnes et maintenant on réussit à faire un concert complet à l’Olympia, et dans plein de villes en France. C’est aussi pour ça qu’on bosse énormément sur le live, parce qu’on arrive de la scène justement, pas des blogs, d’internet, de la télé ou de la radio, donc on sait qu’on a un public qui nous suit vraiment, et qu’on n’a pas du tout envie de décevoir. C’est hyper démago, ce que je dis, mais c’est vraiment sincère. Les gens qui nous ont vus il y a 6 mois, s’ils reviennent nous voir l’année prochaine, ça sera un concert à 90% différent.Et donc ce nouveau live, il ressemble à quoi ?
On change le décor, on change le contenu, et on change le son. Même les quelques morceaux qu’on jouait déjà avant, c’est de nouvelles versions. D’ailleurs, c’est plutôt kiffant de voir des gens qui sautent dans tous les sens alors qu’ils découvrent tout juste les morceaux.Tu te consacres à 100% a Birdy Nam Nam désormais, où tu mènes encore une carrière solo en parallèle ?
J’ai jamais vraiment mené une carrière solo, sorti de quelques soirées, j’ai toujours été plus ou moins avec des groupes, Et même quand je bouge tout seul, c’est un peu sous la bannière Birdy. En revanche, on aussi envie de faire plus de DJ-sets avec Birdy à deux ou à quatre, de développer cette dimension sound-system. Mais bon, entre la sortie de l’album et la tournée, je pense que l’année 2009 va déjà être assez chargée pour nous…

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