Au cours de ces quelques courtes lignes, il s'agira de s'intéresser de près à la question de la scénographie renversante du spectacle de Julie Bérès. Une gageure tant il y aurait à en dire. Élaboré avec Goury, scénographe venu de la danse contemporaine (il a beaucoup travaillé avec Josef Nadj), l'univers plastique de Sous les visages tranche avec le théâtre que l'on a l'habitude de voir. Notamment grâce au travail réalisé autour de la lumière : paradoxe intéressant qui consiste à plonger la scène dans une pénombre chaude tout au long du spectacle. Cela permet une recherche sur la suggestion (notamment avec les décors), et l'utilisation de stratagèmes qui fonctionnent à merveille. On pense ainsi au plateau, évoquant des sables mouvants emportant les personnages, littéralement avalés par le sol ; ou encore ces murs qui semblent mous, ne soutenant plus notre héroïne. La scénographie, représentant le désordre mental d'Agnès, devient alors métaphorique, et en dit autant qu'un long monologue.
Ça tombe bien, Julie Bérès avoue avoir cherché dans cette direction, et l'on sent tout un travail poétique effectué autour du surréalisme et de l'onirisme, sans pour autant tomber dans la démonstration d'un savoir-faire technique tape-à-l'œil : un régal tant pour les yeux que pour l'esprit, laissé libre dans cette quête d'imaginaire (ce cher Victor Hugo l'avait très bien dit : « la suggestion consiste à faire dans l'esprit des autres une petite incision où l'on met une idée à soi »). D'autre part, Julie Bérès présente Les Cambrioleurs comme une compagnie pluridisciplinaire. Sous les visages regroupe ainsi des comédiens, des circassiens et une chanteuse. La scénographie utilise donc tous ces talents, avec habileté. Mais ne comptez pas sur nous pour vous en dire plus, on vous laisse le plaisir de la découverte.
AM