Légende oubliée

Musicien, écrivain, traducteur, producteur, acteur, il est aussi celui qui a « présenté » Noir Désir au label Barclay en 1988. Theo Hakola fait malheureusement partie des artistes qui demeurent inaperçus. Entretien avec le rockeur pure souche à l’occasion de son concert ce vendredi à la Bobine. Propos recueillis par Patrice COEYTAUX

Petit Bulletin : Musicien, producteur et j’en passe, vous êtes un touche-à-tout insatiable…
Theo Hakola : Le fait de toucher à tous les arts m’est venu naturellement, j’ai toujours goûté à tout, même la peinture. Mais mon plus grand plaisir reste la scène. Vous avez présenté Noir Désir à Barclay, travaillé - entre autres - avec des musiciens de Nick Cave & The Bad Seeds. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je connais toute la bande de Nick Cave depuis très longtemps. J’ai rencontré Thomas Wydler (batteur des Bad Seeds, NDLR) avant qu’il ne fasse partie des Bad Seeds ; il joue sur mon album Overflow. Concernant Noir Désir, à l’époque on me donnait des CD en espérant que je puisse aider, mais je n’avais pas réellement de pouvoir, sinon j’aurais aujourd’hui ma propre maison d’édition. A l’époque, Sylvie Peyre était la directrice artistique ; elle a été roadie puis agent de Orchestre Rouge (ancien groupe de Theo Hakola, NDLR) et a ainsi rencontré Philippe Constantin qui devint directeur de Barclay, etc. Votre dernier album Drunk Women and Sexual Water fait 80 minutes, le maximum que l’on puisse « graver » sur un CD. Y a –t’il une raison à cela ?
Cela s’est fait naturellement, j’ai toujours écris des chansons longues. J’ai d’ailleurs dû « couper » une partie de mes chansons, car cela ne rentrait pas sur un seul disque. On prend vraiment notre envolée sur les instrumentations sur scène. Et dans ce disque, il n’y a pas énormément d’envolées justement. Votre univers musical est proche de Nick Cave, mais reste différent et possède son propre potentiel commercial. Comment se fait-il que la sauce n’ait pas pris ?
Je me pose cette question depuis très longtemps, même si on parle de succès concernant Passion Folder (ancien groupe de Theo Hakola, NDLR). J’ai plusieurs hypothèses, cela vient peut-être du fait que j’ai le cul entre 3-4-5 chaises, que je sois un peu « éparpillé » artistiquement. Le fait de vivre en France et de travailler avec des français tout en faisant de la musique américaine ne doit pas non plus jouer en ma faveur, tout comme avoir un discours qui demanderait d’être accompagné par une musique folk avec beaucoup de guitare acoustique, ce qui n’est pas le cas avec mon dernier album puisqu’il ne contient que de la guitare électrique. Une fois encore, ce ne sont que des hypothèses, je n’ai pas la moindre idée du pourquoi… Justement, qu’en est-il de votre discours « musical » depuis vos débuts ?
Il n’a pas changé. Je n’ai pas un discours « simpliste » à la Manu Chao, ni alter mondialiste, mais plutôt ancré dans le gauchisme et le mouvement ouvrier depuis 100 ans ; et la recherche de transformation de la société. Vous avez écrit 3 romans dans lesquels des thèmes comme la guerre civile en Espagne ou le monde ouvrier sont récurrents. Pourquoi ?
Cela vient de mon expérience. Je parle souvent de l’émigration finlandaise dans le monde ouvrier américain, de la guerre civile espagnole. Cette dernière représente d’abord un intérêt politique historique. J’ai été épaté par l’engagement d’auteurs et poètes comme Orwell, et j’ai connu plusieurs anciens de cette guerre qui m’ont parlé de leurs expériences. Cela a pas mal joué dans mon attirance pour cette partie de l’Histoire. Vous avez milité pour l’écologie, contre le régime de Franco avec le Comité américain, … Qu’en est-il de votre engagement aujourd’hui ?
Je suis un frustré. Je dois travailler énormément tous les aspects de ma musique pour vivre de mon art, ce qui me laisse peu de temps. En France, je ne vois pas où me mettre et je suis davantage touché par ce qui se passe chez moi. Si je vivais aux USA, je serais engagé, c’est certain. Quels sont vos projets ?
Partir deux mois aux USA pour finir mon 4e roman, j’ai des projets de théâtre à venir et je vais jouer dans un long métrage bientôt. Il y aura aussi certainement un 5e album, peut être en 2010 ? Theo Hakola
Vendredi 22 mai à 20h30, à la Bobine

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