Continuité dans le changement

Le 32e Festival du Court Métrage en Plein Air de Grenoble débute cette semaine, et avec lui son cortège d’animations, de rencontres, de films souvent autres… Entretien avec Jean Dorel, administrateur. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : Est-ce que les changements structurels survenus à la Cinémathèque cette année ont influé d’une manière ou d’une autre sur l’organisation ou la ligne éditoriale de la manifestation ?
Jean Dorel : Oui. Le président de la Cinémathèque et les autres programmateurs historiques ont continué à s’occuper des films en compétition, mais cette fois en changeant un peu les données puisqu’ils n’ont pas visionné que des films en 35mm, mais également des copies DVD – ce qui permet d’ouvrir plus largement le champ de la sélection. Pour tout ce qui concerne la partie hors compétition, j’ai pu aller chercher des choses qui me semblaient intéressantes à montrer, notamment des films pratiquement introuvables…En utilisant le fond de la Cinémathèque ?
Oui, beaucoup. Avec Benoît Letendre qui est attaché au patrimoine, on a veillé à travailler avec les fonds, et aussi avec des organismes grenoblois. Par exemple, le festival est traversé de part en part par le documentaire, qui est aujourd’hui reconnu à sa juste valeur – et donc nous proposons le stage d’analyse de films sur le sujet, ainsi qu’un hommage François Reichenbach, dont plus aucun film n’est visible depuis des années. On a aussi soutenu le concept Subzero, qui aura sa séance de présentation, dont le but est de montrer des films grenoblois, tournés avec trois fois rien, mais dans lesquels il y a du talent et du travail. On a également invité Jean-Philippe Isoletta à venir jouer du piano en impro sur des films de Méliès, dont les œuvres viennent enfin de passer dans le domaine public !Le festival est caractérisé par une compétition assez… spécifique. Un membre du jury avait trouvé une bonne formule, en disant qu’à Grenoble, on voyait des films qui ne passaient nulle part ailleurs.
Cette année, il y a aussi des films qu’on voit ailleurs… Et d’autres qu’on ne voit qu’ici. Alors effectivement, la programmation est toujours faite selon cette habitude du coup de cœur, les cinq membres du comité de sélection choisissent cinq films chacun, et ça fait une programmation qui cette année se décline sur trois thématiques. Avec la plus habituelle, sur l’amour, la romance et ses dérives, puis vient une partie plus sociologique, plus politique. Sans entrer dans une comparaison avec Welcome de Philippe Lioret, disons que certains films abordent des sujets contemporains, traitent de la politique sarkozyste à leur façon. Enfin, le troisième axe est celui de la mise en abyme du cinéma, il y en avait quelques-uns l’an dernier, mais cet angle post-moderrne s’est accru pour cette édition.L’an dernier, tu évoquais un gros écueil de la sélection et de la production française dans son ensemble, le formatage en fonction des bailleurs de fonds, que ce soit les chaînes de télévision ou même les régions…
C’est largement plus atténué cette année, c’est ça qui me semble le plus intéressant. Je ne sais pas si ça vient du choix des programmateurs ou même de la crise, mais on sent qu’il y a moins de films calibrés, moins de films esthétisants et plus de films avec un ton assez dur. Il y a une vraie liberté artistique, notamment dans les œuvres qui parlent du cinéma, où les artistes se libèrent des contraintes strictement scénaristiques, on a l’impression qu’ils font vraiment ce qu’ils ont envie. Et dans les films sociaux, les façons de filmer sont plus fortes, les auteurs s’autorisent à aller assez loin dans ce qu’ils veulent dire. Les films parviennent à être dérangeants, le tout avec une certaine délicatesse. Quels retours espérez-vous du public cette année ?
On essaie déjà de développer la communication du festival le plus possible, avec notamment un catalogue qui pour la première fois sera distribué en amont du festival, un site Internet qui devrait être formidable… On souhaite rassembler le plus possible, avec l’idée d’ouvrir aux activités en dehors de la compétition, montrer que le festival ne se cantonne pas à sa sélection en soirée, qu’il se passe des choses chaque jour, ouvertes à tous, gratuites, l’occasion de découvrir des films de toutes époques. 32e festival du court métrage en plein air de Grenoble
Du 7 au 11 juillet, place St-André, salle Juliet Berto et alentours

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