Pierre Kermen, l'ancien adjoint à l'urbanisme de Michel Destot, est devenu chargé de mission développement durable au sein de l'université Joseph Fourier. C'est-à-dire ? Propos recueillis par AM
Petit Bulletin : En quoi consiste votre mission ?
Pierre Kermen : C'est avant tout une volonté politique du Président de l'UJF Farid Ouabdesselam et de son équipe avec une nouvelle méthode. On essaie de mettre en œuvre une politique de développement durable qui touche toutes les compétences de l'UJF, et qui associe l'ensemble du personnel et des étudiants. Car ce n'est pas une idée qui doit partir d'en haut, chacun des acteurs de l'université devant se sentir impliqué dans cette démarche.
Quelle était la situation lors de votre prise de fonction, il y a un an ?
Dans le domaine des recherches et des formations, beaucoup de choses se font sur les questions du développement durable. On a de nombreuses recherches liées aux thématiques de l'environnement, comme avec notre laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement, qui a participé à révéler les causes du dérèglement climatique. Certains chercheurs de l'UJF participent également au Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, NDLR]. Dans les domaines de l'expertise, on a donc une présence très forte, sur l'analyse de l'air, la pollution de l'eau, les matériaux, la biodiversité.... Je peux prendre ce bel exemple du Jardin Alpin du Lautaret, véritable jardin de la biodiversité ouvert au public. En formation aussi à l'IGA ou en biologie... Par contre, là où l'on est peut-être moins bons et où l'on doit progresser, c'est tout simplement dans la vie même de l'établissement. Par exemple, dans la gestion de l'énergie de nos bâtiments, on est quand même à 312 kilowattheures de consommation d'énergie par mètre carré et par an, ce qui n'est pas très performant, même si cela reste dans la moyenne des universités françaises. Et on est à 31 kilos de CO2 par mètre carré et par an rejetés, l'objectif du Grenelle étant de 6 à 15 Kg... C'est seulement depuis que cette mission existe à l'UJF qu'on est arrivé à mettre en œuvre cette cartographie. L'idée est donc d'avoir un bilan énergie et un bilan carbone annuels, pour engager des actions et diminuer nos consommations.
Des consommations encore élevées : la faute aux infrastructures du campus, vieilles de cinquante ans ?
Tout à fait. On a des bâtiments qui ne sont pas du tout adaptés aux défis énergétiques. Un exemple : l'UJF n'a pas forcément des compteurs dans tous les bâtiments, mais par groupe de bâtiments, des fois dédiés à différentes occupations (recherche, enseignement, administration...). Le mode de fonctionnement du bâtiment étant différent à chaque fois, les consommation ne sont donc pas les mêmes, d'où les difficultés pour un diagnostic précis et une action ciblée. L'année prochaine, on va ainsi essayer de remédier à ce problème en installant des compteurs progressivement partout.
Un autre projet concret que vous mettez en œuvre avec des chercheurs de l'UJF : le plan pour l'informatique verte...
Nous aimerions réduire de 50% la consommation électrique de nos centres informatiques dans les trois ans à venir. Et c'est tout à fait possible ! L'informatique verte – le Green IT – est vraiment un point très important pour l'UJF. On a conduit cette étude avec la société Bull, dans une logique de partenariat. Cela illustre nos axes de recherches : avec de nouvelles méthodes, on doit pouvoir faire un plan d'économies d'énergies assez conséquent.