Amours hermétiques

Son Triptyque du pouvoir avait été l’un des grands évènements théâtraux de la saison précédente. On attendait donc la nouvelle création de Guy Cassiers comme le messie, avec un brin d’appréhension. Le metteur en scène flamand a choisi cette fois-ci de s’attaquer au roman culte de Malcolm Lowry sorti en 1947 : Sous le volcan. Personnages en tension permanente balancés dans un univers idyllique mais lourd, fait de vapeurs de mezcal : l’auteur anglais, dans son récit, ne lésine pas sur les descriptions, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer la descente aux enfers sur un jour (celui des morts) de Geoffrey Firmin, consul britannique au Mexique, et son ancienne épouse Yvonne. Un matériau littéraire comme Guy Cassiers les aime tant (Mephisto for ever partait du roman de Klaus Mann), riche et malléable (même s’il en respecte scrupuleusement l’écriture). Josse De Pauw, qui interprète sur scène le consul alcoolique et jouait "le Gros" dans Mefisto for ever, a assuré la réécriture plateau nécessaire à cette transposition. Il en livre un condensé glaçant et resserré autour des quatre protagonistes principaux. Cassiers habille alors ce texte avec une mise en scène grandiose faite d’un mur de vidéos : l’idée est de laisser parler les mots de Lowry, laisser s’exprimer les corps des comédiens (avec une fascination indéniable pour cet homme qu’est le consul), laisser l’ambiance pesante s’installer trois heures durant. Une pièce sur l’amour et la violence, qui néanmoins peine à nous toucher. On reste admiratifs devant le travail visuel de Cassiers, mais presque insensibles à ce qui arrive au couple en déliquescence, ne ressentant aucune empathie mais un ennui poli. On ne pense pas que c’était le but recherché.
AM

SOUS LE VOLCAN
Du mercredi 18 au vendredi 20 novembre, au Grand Théâtre de la MC2 (spectacle en néerlandais surtitré)

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