Tout en excès

Le flamboyant Olivier Py utilise le théâtre pour nous révéler un monde qu’il ne porte pas forcément dans son cœur. A l’occasion de son passage mi juin à la MC2 avec trois contes de Grimm, portrait express d’un artiste iconoclaste, passionnant et déroutant. Aurélien Martinez

Olivier Py : homosexuel catholique de droite, comme il aime à se qualifier lui-même ; mais surtout enfant terrible du théâtre contemporain français devenu père spirituel pour une flopée de nouveaux metteurs en scène. Né trois ans avant Mai 68 (mouvement qu’il singea en 2006 à Avignon), il se dirige rapidement vers la scène (il a été formé à Paris à l’Ensatt puis au Conservatoire national). Après plusieurs pièces, sa consécration interviendra en 1995, à Avignon : ce sera avec La Servante, un spectacle de vingt-quatre heures où Py ne craint pas le lyrisme dans toute sa splendeur. Car notre homme élabore un théâtre du verbe et de l’excès : en témoigne Les Enfants de Saturne, sa dernière création à l’Odéon (il est directeur des lieux, à la suite du très consensuel Lavaudant) qui évoque la perversion des liens familiaux à coups d’incestes en veux-tu en voilà. Un rendu too much, presque indigeste…

Mais qu’importe : l’homme ne se juge pas pièce par pièce, mais plutôt sur l’ensemble de son œuvre. En se mettant ouvertement en avant comme artiste (sur Les Enfants de Saturne, il est à la fois metteur en scène, auteur et comédien), il livre un discours sur l’état du théâtre. On pense ainsi aux Illusions comiques (créées il y a cinq ans), hommage au théâtre et aux acteurs prétexte à jeter un regard acerbe sur notre monde. « Je crois que je m'inscris dans la lignée des poètes qui ont la détestation absolue de leur temps » déclarait-il ainsi récemment dans une interview.

« Initiation au mystère théâtral »

Mais Olivier Py poète sait aussi mettre son univers au service de textes d’autres : Le Soulier de Satin de Claudel dernièrement, ou encore les contes des frères Grimm chez nous à la fin du semestre. « Si ces contes nous fascinent encore incroyablement, c'est sans doute parce que, dans les décors convenus du merveilleux, ils murmurent des vérités inébranlables. Les enfants ont peut-être confiance en cette étrange poésie qui osera leur dire ce qu'ils n'osent demander. La puissance de la convention, les péripéties spirituelles des héros, l'enjeu vital des combats en font aussi une parfaite initiation au mystère théâtral » écrit Olivier Py en notes d’intention. Tels des gosses à la veille de Noël, on attend de voir ce théâtre du monde avec une impatience non feinte.

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