Des chansons dans la tête

La 11e édition du festival Paroles de chanteurs sort l’artillerie lourde. Poètes iconoclastes, défricheurs d’univers textuels vierges, aventuriers des mélodies perdues, les artistes invités feront honneur à leur genre de prédilection sur la scène de Ste-Marie-d’en-Bas. Voici notre sélection des lives à ne pas manquer.

En discrets sons
Apparu en plein cœur de la nébuleuse d’une chanson française qui crie ton nom, inanité, Bertrand Belin avait tout pour s’intégrer au mieux dans ce carcan farouchement limité : une voix douce, parfois susurrante, des compos mangeant à beaucoup de râteliers (jazz, folk, pop et on en passe), un physique de gendre timide osant à peine demander du sel pendant les repas familiaux… Et pourtant, sa discographie riche de deux albums (le nouveau est annoncé pour le 5 mars) égrène son lot de ballades attachantes, nourries par un parcours hétéroclite témoignant d’une belle curiosité artistique. Après un détour par le jazz, notre homme devient compagnon de route de l’ancien VRP Néry, donnant de la guitare et de la composition, il vivote ensuite de formation en formation, joue pour Bénabar à l’époque où ce dernier a encore vaguement quelque chose à dire, écrit pour Olivia Ruiz, apparaît sur scène dans Imbécile mis en scène par Olivier Martinaud ou encore dans le beau spectacle Sombreros de Philippe Decouflé… On attend son concert pour voir quelle orientation prend désormais son art.
FCBERTRAND BELIN
Mercredi 20 janvier à 21h30La bonne mauvaise réputation
On ne compte plus le nombre de torts infligés à la musique de Georges Brassens via des reprises au mieux complètement absurdes (le pompon est pour l’instant détenu par le groupe La Pompe Moderne, qui reprend sans vergogne Diams et Isabelle Adjani en imitant le timbre du chanteur), au pire nulles et non avenues (suivez notre regard). Sûr que si l’artiste s’était douté ne serait-ce qu’un instant de l’ampleur des dégâts, il aurait un peu mieux piégé son cadavre… Pour continuer dans la supputation échevelée, gageons cependant qu’il aurait adoubé le projet des Etrangers Familiers ourdi par les musiciens adorablement barjos de La Campagnie des Musiques à Ouïr. Regroupant des personnalités aussi fortes que Loïc Lantoine et son inimitable voix caverneuse, l’homme-orchestre Denis Charolles ou encore le pétulant Joseph Doherty (non, aucun lien avec la pharmacie ambulante), cette création s’approprie le répertoire de Brassens avec l’usuelle liberté de ton de ses instigateurs. Ces derniers offrent donc leurs propres versions scéniquement emportées de classiques signés du grand Georges, lui rendant enfin son lustre contestataire et libertaire via des incarnations vocales tendues, des arrangements laissant libre cours aux circonvolutions improvisées si chères à leurs petits cœurs. Que vous rentriez ou non dans l’univers ainsi proposé, vous ne pourrez nier son honnêteté ou l’implication de ses maîtres d’œuvre.
FCLES ETRANGERS FAMILIERS
Jeudi 28 janvier à 20h30Tendance rétro-chic
Sur son précédent album, le très réussi L’Homme du moment, Alexis HK chantait en duo avec la Norvège : un titre ovniesque qui résume à lui seul l’univers poétique et facétieux de l’artiste. Son dernier opus, Les Affranchis (de bonne facture, même s’il reste un brin en dessous du précédent) confirme tout le bien que l’on pense de cet auteur-compositeur-interprète mésestimé dans une France qui préfère sacrer le manque d’imagination d’un Bénabar ou la facilité stylistique d’un Renan Luce (pourtant en duo avec notre homme sur un titre… personne n’est parfait !). Chanteur à la voix chaude aux accents de crooner, élevé aux sons des Brassens, Brel et Reggiani, Alexis HK est un conteur musical hors pair, qui nous narre des histoires bien senties (Chicken manager, où l’on peut reconnaître un ancien et un actuel homme d’État), drôles (La Maison Ronchonchon, fable familiale pittoresque et sombre) ou encore touchantes (Coming out, sur L’Homme du moment). Le tout avec des mélodies efficaces et bien construites – sans forcément être révolutionnaires, on l’accorde – mélangeant folk, pop voire ragga et hip hop, à l’image de celle des Affranchis, titre d’ouverture éponyme de l’album. A notre grand regret, on ne l’a encore jamais vu sur scène, mais il paraît que ses concerts, emplis d’humour, valent le détour. Comme au PB on est comme Saint-Thomas, on ira vérifier ça en live à l’occasion du festival, où Alexis HK se produira accompagné de trois musiciens.
AMALEXIS HK
Vendredi 29 janvier à 20h30

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