Des singes en hiver

Biographie / Du haut de leurs 23 années, les lascars d’Arctic Monkeys ont déjà un parcours à rendre jaloux le plus chevronné des groupes de rock. Leur live du 27 janvier au Summum sera l’occasion de vérifier si ces têtes d’affiche précoces ont conservé leur spontanéité artistique. François Cau

2005. Les adorateurs les moins illuminés du rock anglais pleurent à chaudes larmes la fin des Libertines, prêts à remiser leurs aspirations musicales au placard sans autre forme de procès. C’était sans compter le météore qui s’apprêtait à zébrer cette galaxie sonore d’une superbe inattendue : quatre gamins de la banlieue de Sheffield, des autodidactes comme tant d’autres taquinant leurs instruments dans un garage impersonnel, sont sur le point de traumatiser le landernau rock en prenant tout le monde à revers. Alex Turner, Jamie Cook, Andy Nicholson et Matt Helders ont ourdi leurs premières armes musicales avec un détachement insolent, annonçant malgré eux les bouleversements qu’allait connaître l’industrie du disque. Les Arctic Monkeys se rodent pendant quelques mois, se séparent de leur premier chanteur (Glyn Jones) dont la motivation n’est pas vraiment le premier atout – un virage décisif, puisque le timbre nasillard et les textes brillamment décalés d’Alex Turner allaient définir avec brio l’identité musicale du groupe. Niveau son, on est dans du brut de décoffrage, les guitares rugissent et la batterie scande sa rythmique avec une régularité métronomique. Leur répertoire compte déjà les désormais mythiques When the sun goes down, Fake Tales of San Francisco et I bet you look good on the dancefloor, qu’ils égrènent à un public de plus en plus conséquent. On n’est pas sérieux quand on a 19 ans
Sans label ni même plan de carrière, les Arctic Monkeys se contentent d’enregistrer des bandes démo qu’ils distribuent généreusement lors de leurs performances scéniques, dans le seul but que les kids reprennent leurs refrains en chœur. L’engouement autour de leurs nonchalantes productions, qu’on commence déjà à rapprocher des ambiances d’un Mike Skinner (le leader savamment désinvolte de The Streets, apôtre de la glande ordinaire), se fait pressant. Des fans dévoués leur créent une page sur Myspace, un site communautaire dont on ne mesure pas encore la portée, et la magie de la toile s’occupe du reste. Le net, cible privilégiée de la vindicte des revendeurs de produits a priori culturels, se fait narquoisement le tremplin de ces jeunes artistes sans visibilité médiatique, et souligne si besoin en était l’obsolescence des tenants du marché – et d’aucuns (suivez nos regards) d’encaisser avec amertume l’ironie de la situation… D’autant que les sales gosses de Sheffield n’ont pas l’intention de s’en laisser compter, tournant le dos aux propositions pléthoriques des labels en tous genres qui n’aimeraient rien tant que s’accaparer la sensation du moment. Conscients de leur pouvoir, les Arctic Monkeys poussent le vice jusqu’à refuser des invitations aux chasseurs de têtes de prestigieux labels internationaux à leurs concerts. Cependant, la délicieuse arrogance de ces self-made-men s’effacera devant la raison financière : ils rallieront l’écurie Domino Records (Franz Ferdinand, c’est eux) en juin 2005, avec à la clé un juteux partenariat de distribution avec EMI… Lorsque sort leur premier album (Whatever people say I am, that’s what I’m not, déclaration d’hostilité aux phénomènes hype dont ils furent néanmoins les jeunes hérauts), son succès immédiat résonne comme une nouvelle claque cinglante aux marasmes de l’industrie du disque. Changement dans la continuité
Comment ne pas perdre la tête avec un tel plébiscite international ? Le bassiste Andy Nicholson préfère ne pas se poser la question et tire sa révérence. Il sera vite remplacé par Nick O’Malley, et les Monkeys peuvent dès lors poursuivre leur route vers le succès. Dans la lignée de leur premier album, ils sortent à peine trois mois plus tard un nouveau maxi, Who the fuck are Arctic Monkeys ?, témoin de leur aisance dans la composition lapidaire de tubes amenés à être repris, la main sur le cœur, par leur public de fluo kids. Leur second album (Favourite Worst Nightmare) sortira en 2007, mais il faudra attendre Humbug en 2009 pour observer une réelle évolution dans le son des Arctic Monkeys. Sous la prestigieuse tutelle du producteur Josh Homme des Queens of the Stone Age, leurs compos résonnent soudain d’une maturité musicale beaucoup plus affirmée, sans qu’un quelconque renoncement n’entache leur son originel. Qu’en sera-t-il de leurs performances scéniques, réputées enflammées ? Réponse mercredi. Arctic Monkeys
Mercredi 27 janvier, au Summum

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