David Bobée : « "Cannibales" est dur plutôt que pessimiste »

Théâtre / Au vu des vingt minutes d’extraits mis à notre disposition, le spectacle "Cannibales" apparaît comme une proposition potentiellement forte. Rencontre avec le jeune metteur en scène David Bobée pour en savoir un peu plus.

Cannibales semble être un spectacle générationnel sur des trentenaires paumés entre l’être et l’avoir ?

David Bobée : C’est une des grandes thématiques du spectacle, troisième volet d’une trilogie réalisée avec l’auteur Ronan Chéneau – avec qui je bosse depuis une dizaine d’années. Cette trilogie est née au moment où l’on avait vingt-cinq ans et où, en ayant tiré au maximum sur l’adolescence, il fallait bien que l’on accepte notre statut d’adulte, avec toutes les questions sous-jacentes : qui est-on, dans quoi s’inscrit-on, dans quelle société, comment on agit dessus, ou comment on ne peut pas…

Donc effectivement, c’est très générationnel puisque cela parle d’ici, de maintenant, et avec nos yeux. Avec nos yeux, car ce n’est pas une thèse sur la société d’aujourd’hui mais le regard subjectif de personnes trentenaires sur ce mode de vie-là, sur cette image du bonheur que l’on nous donne comme quelque chose d’attirant.

Votre vision a l’air assez pessimiste, notamment à cause du titre de la pièce…

C’est dur plutôt que pessimiste. Le titre et la première scène du spectacle Un couple de trentenaire rentre chez-lui, s’embrasse, se déshabille, s’enlace, s’arrose d’essence, se fout le feu » – extrait de la note d’intention, NDLR] sont assez sombres, certes, mais parce que je crois que l’on n’est pas dans une époque forcément très lumineuse. Mais avec ce titre et cette scène inaugurale, on avait l’idée de mettre la catastrophe au tout début, peut-être pour mieux pouvoir s’en débarrasser et mieux pouvoir ne pas y arriver. L’immolation est là, et juste après on rembobine le film en découvrant ce qui a pu amener ce couple de jeunes trentenaires à en arriver là…

On rembobine sur des scènes de la vie quotidienne ?

Quotidienne et pas quotidienne. C’est vraiment un flash-back, un collage de fragments de vie qui reconstitue le parcours de ces jeunes gens, les enfants de la génération 1970 qui a priori ont tout pour être heureux et qui vivent dans ce monde de consommation où les cases sont sans doute trop petites et réductrices. À partir d’un moment, ils se mettent donc à jouer le jeu de la compensation : s’installer en couple, dans un appartement, avec des meubles Ikea, plus faciles, plus design, plus beaux, plus ceci, plus cela… Je voulais ainsi les faire évoluer dans une page arrachée d’un magazine idéal. Dans ce décor, où tout est cotonneux, moelleux, propre, on ne sait pas où se mettre, comment se comporter.

Cannibales est un spectacle de théâtre, mais pas que…

Je travaille avec des gens qui sont à la fois comédien, danseur, technicien et acrobate. Du coup, on fait le spectacle avec tous nos outils. Mais ça reste à mon sens du théâtre parce que je pense que le théâtre est suffisamment poreux et généreux pour accepter de s’enrichir des autres disciplines du spectacle vivant. Je n’ai pas fait le choix du pluridisciplinaire pour le pluridisciplinaire… Par exemple, comme c’est un spectacle qui parle d’aujourd’hui, j’ai utilisé les outils d’aujourd’hui, dont les nouvelles technologies.

CANNIBALES
Jeudi 11 et vendredi 12 mars, à la MC2

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