Angoisses new-yorkaises

Pour la 21e édition de son irréprochable Cinéma De Quartier, le Théâtre 145 propose de (re-)découvrir deux films méconnus de deux cinéastes majeurs, L’ange de la Vengeance d’Abel Ferrara et After Hours de Martin Scorsese. Une véritable plongée en apnée dans l’underground new-yorkais des années 80. Damien Grimbert

Désormais reconnu comme un auteur à part entière depuis le carton critique successif de King Of New York et de Bad Lieutenant, Abel Ferrara a pourtant commencé sa carrière dans les méandres du cinéma bis avec des œuvres comme l’ultra-violent Driller Killer (où un artiste détraqué trucide des SDFs à la perceuse lors de ses errances nocturnes) ou cet Ange de la Vengeance (MS 45 en V.O.) régi par les codes d’un sous-genre sulfureux du cinéma d’exploitation, le « rape’n’revenge ». Violée à deux reprises dans la même journée, Thana, jeune couturière muette âgée d’à peine 19 ans, va ainsi brutalement se métamorphoser en véritable ange exterminateur, traquant sans pitié la gente masculine dès que cette dernière se montre un peu trop entreprenante. Un sujet pour le moins hardcore, que Ferrara réussit pourtant à débarrasser de toute complaisance, en faisant basculer progressivement son métrage vers le baroque et l’expérimental, jusqu’à un climax final aux frontières du fantastique où Thana, déguisée en nonne, effectue un carnage sanglant dans un bal costumé… Une œuvre mineure, certes, mais néanmoins envoûtante, portée par la performance bluffante de la jeune actrice Zoe Lund, ici dans son premier rôle.Une nuit sans fin
Film complètement à part dans la filmographie de Martin Scorsese, réalisé avec un budget des plus restreints, After Hours est une petite perle de comédie noire au charme addictif, un véritable bad trip immersif dont le caractère hautement anxiogène perdure à la perfection malgré le poids des années. Soit donc Paul Hackett, employé de bureau new-yorkais sans histoire, en route pour un rendez-vous avec une fille rencontrée un peu plus tôt dans un café. Le début d’une longue suite de pérégrinations nocturnes à travers la scène arty underground du Soho des années 80, où tout part de travers à chaque instant, transformant la quête de Paul pour regagner son domicile en véritable cauchemar éveillé. Entouré de freaks, et frappé successivement par tous les coups du sort (in-)imaginables, Griffin Dunne dans le rôle de Paul livre une interprétation tout simplement inoubliable, et Scorsese prend un plaisir visible à tourner en dérision le petit monde superficiel de Soho. Résultat, une comédie enlevée menée à un rythme tambour battant, dont on sort paradoxalement ravi et… soulagé.Cinéma de quartier #21
Lundi 10 mai dès 19h, au Théâtre 145

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