En plein coeur

Tête d’affiche du Festival Lumières Sur La Bastille, l’ex-Grenoblois Koudlam, alias Gwenhael Navarro, est l’auteur du passionnant "Goodbye", “album-monde“ onirique entre électro, pop, world et cold wave, à la puissance d’évocation inégalée. Entretien avec un artiste singulier. Propos recueillis par Damien Grimbert

Petit Bulletin : Vous ne semblez appartenir à aucune scène musicale bien établie ?
Koudlam : Quand j’étais ado, je suis passé par pas mal de “scènes“ différentes. J’ai pas mal traîné en rave, en free party, avant ça, j’ai eu un groupe de rock… J’aime tellement de styles musicaux que j’aime bien changer, en fait, et quand je tombe sur quelque chose de puissant, je m’investis vraiment dedans. Quand tu commences, tu fais plein de trucs différents, tu multiplies les expériences, et puis après tu finis par trouver ton propre truc…

Vous aimez bien jouer dans des endroits hors-normes, en dehors des salles de concert traditionnelles. C’est un vestige de votre période rave ?
Il y a peut-être un peu de ça… J’essaie toujours de faire des trucs un peu plus intéressants que simplement faire mon job comme tout le monde, et gagner mon salaire. Mais ça vient aussi du boulot que je fais avec un artiste contemporain, Cyprien Gaillard. Quand j’ai commencé à faire mes concerts sous le nom de Koudlam, on a pas mal travaillé ensemble, et on était souvent invités à faire des concerts un peu partout à l’étranger par des sortes de mécènes, de galeries, ou de musées, qui étaient super excités à l’idée de faire des trucs aussi différents. Donc on cherchait des lieux comme des forêts, des toits d’immeubles, des grues, des théâtres italiens, on les proposait et ça marchait… Les salles de concerts “classiques“, souvent, c’est assez pénible, ennuyeux…

Les voyages, le dépaysement, ça joue un rôle important dans votre musique ?
À fond. J’aime bien ce concept d’exotisme, aller chercher des idées dans des pays, des milieux. Après, des fois je voyage et j’en tire quelque chose, et des fois c’est juste dans l’imagination, l’évocation… C’est une façon de sortir des schémas classiques, et des stéréotypes de la musique électronique. Et puis j’ai voyagé et habité dans pas mal de pays donc je ne sais pas, ça doit être lié…

Et la science-fiction ?
Pareil, à fond. Je lis beaucoup de science-fiction, j’adore ça, je suis un grand fan de Philip K Dick, des grands auteurs… Et il y a plein de musiques que j’ai découvert par ce biais, comme Vangelis avec Blade Runner… Et c’est vrai qu’il y a un côté futuriste dans ma musique, je pense.

Pour synthétiser, on pourrait dire que vous êtes fasciné par l’Aventure, le Mystère ?
Comment dire… Je crois beaucoup en ça, c’est ce que j’espère qu’il est encore possible de vivre, et c’est vraiment ce que je recherche dans la musique justement, parce que dans la musique, c’est encore possible. Dans la réalité, ces espaces-là, d’aventure, d’errance sont attaqués de toute part et disparaissent complètement. Avant, il y avait des lieux géographiques, physiques dans le monde, qui n’avaient pas été encore investis par l’homme, et qui permettaient à l’humanité de rêver, d’espérer, je ne sais pas… Mais ça a tendance à disparaître, même si tu voyages, les touristes sont partout, c’est hyper… Bon, je m’embrouille… Mais en gros, pour en rester à mon boulot, à la musique, oui, l’aventure, le mystère, c’est vraiment ça que j’essaie d’insuffler.

Avant de sortir Goodbye l’automne dernier, vous aviez déjà réalisé un premier album, Nowhere
Nowhere, c’est un album de 17 titres que j’ai fait il y a longtemps maintenant (en 2006, NDLR), et qui contient pas mal de morceaux que je voulais sortir depuis déjà longtemps. Mais à l’époque, je ne trouvais aucun label, je ne connaissais personne… Je ne désespérais pas, mais ça me foutait un peu la rage, et du coup, je l’ai autoproduit à quelques centaines d’exemplaires… Que je comptais vendre, mais ça m’a saoulé, donc je les ai distribué gratuitement. Ça a mis du temps, mais ça a fait son chemin, et plus tard, lors de mon premier concert à Paris, je suis tombé sur un gars, Arthur, qui m’a tout de suite dit qu’il était en train de monter un label, et que si je ne trouvais pas plus gros, sa porte resterait toujours ouverte. Ce label (Pan European Recording, NDLR), c’est celui sur lequel je suis aujourd’hui.

Et Live At Teotihuacan ?
C’est le premier disque que j’ai sorti sur ce label, c’est un EP de 4 titres / 40 minutes, qu’on a sorti seulement en vinyl, pratiquement un album. Dessus, il y a un morceau de 30 minutes (The Great Empire, NDLR), et je pense que c’est le meilleur truc que j’ai fait depuis que j’ai commencé à faire de la musique.

Koudlam
Samedi 29 mai, au site sommital de la Bastille dans le cadre du festival Lumières sur la Bastille
“Goodbye“ (Pan European Recording)

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