Croisements épistolaires

THÉÂTRE & DANSE / La scène du Théâtre 145 sera investie ce week-end par une flopée d’habitants du quartier, tous volontaires. Guidés par une équipe de professionnels menée par Moïse Touré, metteur en scène reconnu internationalement, ils se pencheront sur les mots de Racine et Koltès. AM

«Koltès [1948 – 1989, NDLR] est notre contemporain. Si l’on ne joue pas nos contemporains, personne ne les jouera après nous. Il faut insister sur ces formes de création aujourd’hui afin qu’elles puissent durer, à l’image de Racine qui a pu jouer le plus possible de son vivant pour être encore joué plusieurs siècles après». Avant la présentation au public du "chantier de création et de transmission" porté par le metteur en scène Moïse Touré, on a rencontré Jacques Prunair, dramaturge de Touré depuis vingt-cinq ans et les débuts de la compagnie Les Inachevés (basée à Grenoble). « C’est quand on a pris connaissance de la correspondance de Koltès, quand on a vu l’exigence que l’auteur avait avec le langage et la langue, que l’on a développé le projet. C’est tout à fait curieux : on met ainsi en parallèle la faible correspondance de Racine que nous avons et qui présente les mêmes interrogations que celle de Koltès – à savoir est-il bien assuré d’écrire le français correctement ? On a ainsi l’exemple classique de Racine s’adressant à Boileau, lui faisant corriger le soir ce qu’il a écrit le jour même. Et on a aussi l’exemple par deux fois chez Koltès qui envoie une missive circulaire à tous ses amis pour dire "sauvez-moi, je n’arrive plus à conjuguer ma phrase". C’est cet amour de la langue qui nous a fait rapprocher ces deux auteurs. » Car les participants au chantier ont ainsi voulu lier sur scène les correspondances des deux auteurs français de théâtre éloignés de trois siècles.Tous ensemble
Ce projet fait suite à Paysage après la pluie II, précédent projet mené l’an passé au même Théâtre 145, toujours avec des amateurs du quartier Chorier-Berriat. Des amateurs, oui. Car tout l’intérêt est là, comme nous l’explique Jacques Prunair : « C’est une longue histoire. Moïse Touré a toujours voulu ce partage entre d’un côté les professionnels, de l’autre des amateurs, des gens très étrangers à l’activité artistique… Les participants changent donc, et les publics aussi par la même occasion : des lycéens ou des collégiens quand on va jouer dans des écoles par exemple. » La machine est en place depuis janvier, à travers des ateliers de dramaturgie, danse, etc, conduits avec les habitants volontaires, avec pour but ultime de « faire participer une communauté à une entreprise théâtrale, donc une entreprise artistique. » Correspondance(s)
samedi 19 juin dès 20h, au Théâtre 145

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