Triste été

Si on met à part le sublime Poetry, on ne peut pas dire que ces deux mois de vacances auront mis le cinéma à la fête. Certes, il y a eu l’extraordinaire Toy story 3, et le blockbuster cérébral de Christopher Nolan, Inception. Pour le reste, quelques séries B sympas (Cellule 211, The Killer inside me et le très bizarre, quoiqu’assez inutile, L’Heure du crime, une tentative de cinéma lynchien made in Italie) ont assuré mollement le train. On peut classer, en étant généreux, le nouveau Stallone dans cette catégorie. Si Expendables est effectivement plutôt sympa dans sa volonté de ne pas déborder son programme initial (prendre des gros bras d’antan, les associer à des gros bras d’aujourd’hui, et envoyer le tout bourriner de la dictature d’opérette façon hormones de taureaux en furie), mais pêche gravement niveau scénario. La vraie question de l’été, c’était plutôt “Que deviennent les grands cinéastes quand ils vieillissent ?“. Stephen Frears a répondu en premier à la question avec Tamara Drewe. Très bien accueilli à Cannes, le film s’est avéré plutôt décevant. Et l’âge du capitaine n’est pas extérieur à cette déception. Frears patine face à cette satire façon Bacri-Jaoui des intellos qui s’encanaillent chez les bouseux et des bouseux devenus des parvenus superficiels. Car ce qui intéresse Frears, c’est avant tout ce qu’il connaît : non pas la jeune Tamara, mais les artistes quinquas débordant de mesquinerie ; non pas le portrait d’une époque, mais le vaudeville plutôt attendu du scénario. Bref, en voulant faire jeune, Frears révèle surtout son manque de prise sur l’époque. Dépassé aussi, Bertrand Blier tentait un come-back avec Le Bruit des glaçons. Rajeunir son casting (Dupontel-Dujardin), retrouver sa verve d’antan tout en parlant du mal qui l’a rongé, le cancer : le programme était ambitieux. Mais la direction artistique du film est épouvantable, le rythme mou, et l’humour noir ni très drôle, ni très noir, à cause d’un happy end superflu. Ce que Blier réussit le mieux, ce sont les scènes de tendresse et de gravité, notamment ce beau dialogue entre Christa Theret et Eric Prat, comme si l’avenir de son cinéma se jouait dans le drame chuchoté plutôt que dans la comédie grinçante.
CC

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