Journées d’action dans toute la France, manifestations pendant le Festival d’Avignon, discours musclé en pleine cérémonie des Molières : les professionnels de la culture, administratifs, techniciens comme artistes, sont sur le front depuis les différentes annonces émanant du plus haut sommet de l’État. Ainsi, le 6 mai dernier, lors de la journée d’action sur ces sujets, une réunion d’information avait eu lieu à la MC2. Dans l’assistance, le personnel du lieu, mais aussi d’autres de plusieurs théâtres de l’agglomération, des artistes (dont François Verret et Claude Régy, qui présentaient leurs spectacles ce soir-là) et intermittents du spectacle, et un public à la fois concerné mais circonspect. Car ces aspects techniques sont quelques fois difficiles à comprendre, pouvant donner l’impression de cultureux élitistes parlant entre eux de thèmes ne les concernant qu’exclusivement. Or, c’est justement ce que les professionnels de la profession veulent éviter, choisissant délibérément de placer la question sur un terrain plus global, évoquant un projet de société à défendre (Michel Orier, Antoine Conjard et Jacky Rocher nous ont tous les trois parlé de la politique culturelle française menée depuis la Libération, et ont tous les trois décrié l’approche mercantile et consumériste à l’œuvre aujourd’hui). Ce que nous a aussi affirmé Eliane Baracetti, adjointe à la Culture à la mairie de Grenoble (photo), qui prône un rétablissement de certaines valeurs : « Il faut vraiment rediscuter avec l’État de ce qui est de son rôle et ce qui est du rôle des collectivités locales. Il y a des sujets où l’État pense qu’il n’a plus à intervenir, comme pour la lecture publique : or, ici, on touche profondément à une question nationale. Car ça veut dire derrière la question de l’alphabétisation, l’accueil des arrivants, l’apprentissage des langues, permettre à des enfants de parler le plus tôt possible… » On touche ainsi à des questions beaucoup plus cruciales qu’il peut y paraître, qui ne peuvent se résumer à de simples rapports comptables comme semblent le penser nos dirigeants. AM
