Faire son cinéma

Zoom / Tout le monde adore l’Edouard Baer du Centre de Visionnage et ses impros décalées, tout le monde vénère l’Edouard Baer d’Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, mais, injustice flagrante, très peu de personnes connaissent les réalisations cinématographiques de cet auguste trublion. Il se lance dans l’aventure en 2000 avec La Bostella, son premier autoportrait en artiste loser. Il y campe son propre rôle, entouré de la plupart de ses complices du Centre de Visionnage. Cette bande de pas si joyeux lurons doit préparer une émission de télé pour la rentrée, dans le cadre moyennement inspirant d’une villa provençale. L’image est volontairement crade, les idées de shows toutes plus grotesques les unes que les autres, le putsch rôde, et un Edouard Baer fuyant va finir par se retrouver à faire des animations de supermarché : une façon comme une autre d’exorciser ses peurs et doutes artistiques, une démarche que notre homme poursuivra dans ses créations ultérieures. Le cas Akoibon (2004) est plus délicat pour ce qui est de la résonance personnelle : de son propre aveu, Edouard Baer n’aurait jamais dû se caster dans sa seconde réalisation, où il interprète un père de famille pétochard à l’idée d’avoir son 11e ou 12e gosse, qui trouve refuge dans un hôtel côtier ringard tenu par le non moins ringard Chris Barnes (gigantesque Jean Rochefort). C’est du côté de ce dernier personnage, Eddie Barclay du dimanche revivant ses gloires passées dans des spectacles lamentables, qu’il faut creuser pour voir où veut en venir Edouard Baer : au bout d’une heure, le film “s’arrête“ avec le départ impromptu d’un Chris Barnes qui en a marre. Les autres personnages sont complètement livrés à eux-mêmes, errent sans but – une autre grande trouille artistique, atteignant une superbe apogée dans une scène de dialogue entre Baer et Benoît Poelvoorde, où ce dernier, en comédien pathétique souhaitant qu’on l’écoute une ultime fois, atteint des sommets. En ce moment, Edouard Baer caresse l’idée d’une troisième réalisation cinématographique intitulée Le Petit frère des riches qui serait, tenez-vous bien, inspirée de l’affaire Bettencourt, avec son complice Jean Rochefort dans le rôle… de Liliane Bettencourt. Avant de se lancer dans l’aventure, Edouard Baer va dans un premier temps tourner une bande-annonce de 2’30 pour vérifier la validité de ce projet, placé comme toujours sous le signe d’une certaine idée du suicide artistique exécuté avec sens et flamboyance. FC

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