En 75 minutes contemplatives et méditatives, le Russe Aleksei Fedorchenko dresse un poème inspiré, aux images fulgurantes de beauté, à la gloire des Méria, une peuplade en voie d'extinction ; une expérience qui manque toutefois de matière narrative.Christophe Chabert
Pour y parvenir, il réunit dans un même 4X4 un patron et son employé. Le patron vient de perdre son épouse Tanya, et décide d'aller brûler son corps sur la plage où ils ont passé leur lune de miel, puis de répandre ses cendres dans la Volga ; c'est un rituel Méria. En chemin, d'autres seront évoqués, notamment celui qui consiste à «fumer», c'est-à-dire raconter les moments heureux du couple. Parmi ces instants où le patron «fume», il y en a un, sublime : le jour du mariage, la tradition veut qu'on attache dans la toison pubienne de la promise des rubans multicolores, avant de les suspendre, le mariage célébré, aux branches d'un arbre. Le film est alors en majesté, d'un lyrisme digne du Kusturica du "Temps des gitans". Aussi saisissant soit-il, ce beau "Voyage de Tanya" a toutefois une limite : il semble parfois étirer artificiellement sa narration à l'échelle d'un long-métrage, là où un gros court-métrage aurait pu faire le même effet. En d'autres termes, si Fedorchenko a déjà l'étoffe des grands cinéastes en tant que metteur en scène, il lui reste encore un pas à accomplir comme scénariste pour que ses récits soient à la hauteur de sa maestria visuelle.Le Dernier Voyage de Tanya
D'Aleksei Fedorchenko (Russie, 1h15) avec Igor Sergeyev, Yuriy Tsurilo...