Entretien / François Ozon, réalisateur de Potiche.Propos recueillis par CC
Petit Bulletin : Potiche a ceci de nouveau dans votre œuvre : il parle frontalement de politique...
François Ozon : C'est venu naturellement de la pièce originale que je connaissais depuis l'époque où j'avais tourné 8 femmes. Ce qui a déclenché mon envie de l'adapter, c'est la campagne présidentielle de 2007, où une vraie misogynie s'est déchaînée de la part des hommes politiques, y compris dans le camp socialiste, mais aussi des femmes, envers Ségolène Royal. À cette occasion, j'ai relu la pièce, et je l'ai trouvée très actuelle. Dans le même temps, j'ai reçu une proposition de mes producteurs, Mandarin, pour tourner un film sur Nicolas Sarkozy. Ça ne me branchait pas tellement. À la place, je leur ai proposé Potiche en leur disant que c'était aussi un film politique. Mais ils ne s'attendaient pas à ce que ce soit une comédie !
8 femmes était aussi l'adaptation d'une pièce de théâtre populaire, mais Potiche est moins théâtral, plus aéré...
8 femmes était un whodunit à la théâtralité assumée, un huis clos que j'avais tiré vers une réflexion sur les actrices. Potiche est plus au premier degré, il était important de sortir de la maison, d'être plus réaliste. Cela dit, j'avais beaucoup transformé le texte de 8 femmes, je l'avais beaucoup coupé. Ici, j'ai rajouté un troisième acte ; la pièce se terminait quand Suzanne devenait la patronne de l'usine. Je voulais qu'elle soit encore plus humiliée, pour qu'elle puisse se venger ensuite. Mais la pièce d'origine était assez bonne, Barillet et Grédy sont de très bons auteurs de comédie, qui écrivent de très beaux rôles de femmes.
La métaphore politique du film laisse à penser que Royal et Sarkozy sont en fait du même monde, seul leur sexe les oppose...
C'est la vérité, non ? Ségolène Royal assume le fait qu'elle vient d'une famille de droite, très catholique. Je me suis contenté d'être fidèle à la réalité.