Chantal Morel : pilier du théâtre made in Grenoble, artiste exigeante et passionnante. Normal donc que la MC2 lui confie les clés de son petit théâtre trois semaines durant. Après des efficaces Possédés de Dostoïevski (en janvier 2009 à la même MC2), elle nous revient avec Home : un texte de l'Anglais David Storey qu'elle avait déjà monté deux fois auparavant, en 1981 et 1986. Elle le reprend aujourd'hui pour élaborer une pièce basée autour du jeu des acteurs, impeccable : du véritable théâtre en somme.
Mais là où l'on reste sur notre faim, c'est lorsqu'il s'agit d'aborder la raison même de cette proposition. Certes, on reconnaît ici et là la patte de Marguerite Duras (qui signa l'adaptation), certaines répliques étant cinglantes et démontrant là encore que les comédiens ont véritablement compris ce qu'il en retournait. Peut-être même trop... Le texte, évoquant la folie sans jamais la nommer, se concentre ainsi autour de cinq personnages en attente permanente, qui essaient tant bien que mal de se raccrocher à des souvenirs d'une vie antérieure ou à quelques chaises posées là, pour tenter de trouver une place.
Parfaitement suggestif dans son écriture, c'est dans la dramaturgie même de cette proposition que le texte s'enlise, n'arrivant pas (plus ? – on n'a pas vu les deux mises en scène précédentes) à sublimer son propos initial. Chantal Morel offre alors un spectacle tiré à quatre épingles, à la limite du didactisme. Certes, elle ne trahit pas le texte l'ombre d'une seconde, mais semble au contraire ne plus savoir quoi en faire au fil de la représentation. Essaierait-elle de nous démontrer qu'aujourd'hui, en 2010, ce Home n'a plus rien à nous dire ?
Home, jusqu'au samedi 27 novembre, à la MC2.