De Denis Villeneuve (Canada, 2h10), avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin...
Le travelling est-il encore affaire de morale ? Oui, et quand le québécois Denis Villeneuve tourne Incendies d'après la pièce du libanais Wajdi Mouawad, cette question le hante. Sauf que Villeneuve n'est pas un bon lecteur de Rivette. Dans cette longue odyssée retraçant les destins entrecroisés d'une femme et ses enfants, l'une au passé, comme héroïne traversant et subissant les tourments de la guerre du Liban, les autres au présent, sur les pas de leur mère et d'un frère caché, le cinéaste cumule les fautes d'intention. Fidèle à son matériau originel, Incendies se veut une tragédie. Mais à force de chichi (cartons pompeusement stylisés, musique hors sujet) et d'une mise en scène réussissant à rendre la distance impudique, le film vire à l'épreuve. Pour son personnage principal, accablé du premier au dernier plan, et nous, forcés d'assister à cet acharnement sadique et obscène qui, recourant à un suspens ignoble, se drape évidemment du plus grand sérieux. Un calvaire pour tout le monde. Jérôme Dittmar