Desperate Housewives

THÉÂTRE / Camille Germser, adepte des paillettes, des plumes, des boules à facettes et du music-hall, met en scène « ses » filles dans Les Précieuses ridicules. Première virée dans le classique pour cet artiste qui développe une conception très libre et accessible du théâtre. Propos recueillis par Aurélien Martinez

Petit Bulletin : Comment un jeune metteur en scène comme vous arrive à s’intéresser à Molière ?
Camille Germser : Je n’ai jamais fait d’études de théâtre, je suis musicien au départ. Et donc, j’ai un parcours qui n’a rien d’un théâtreux. Par ailleurs, je lis très peu – voire pas –, et encore moins de la littérature théâtrale. Mes pièces précédentes étaient des pièces que j’écrivais – le livret quand il y avait un livret, ou les textes quand c’était juste des choses ponctuelles –, des créations pour la musique que je composais…

Et aujourd’hui, vous rencontrez finalement Molière, avec l’une des ses pièces les plus faibles – c’est vous qui le faîtes dire à une comédienne au cours d’une scène du spectacle !
En fait, j’en sais rien, c’est à peu près la seule chose que j’ai lue de Molière de façon intégrale ! Mais j’ai été rassuré par le fait que la pièce soit courte : ça me faisait très peur de m’engager dans un classique, je n’avais jamais fait ça. Jamais je n’aurais monté Le Tartuffe par exemple, ça m’aurait fait beaucoup trop peur. Alors que Les Précieuses ridicules me permettaient de pouvoir intégrer librement notre fantaisie, notre dimension musicale… Je trouvais aussi que cette préciosité évoquée dans la pièce de Molière, même si on ne parlerait plus de préciosité aujourd’hui, est quelque chose de très actuelle : suivre une mode, être dans une appartenance à un groupe, être reconnu par ce groupe…

La pièce n’est pas très tendre vis-à-vis de la gent féminine : d’où votre choix d’offrir tous les rôles – même les masculins – à des femmes ?
Oui, peut-être… En fait, ce que je dis à chaque début d’interview, et que j’ai oublié de dire là : le titre de la pièce me plaisait déjà ! C’est un titre féminin, qui collait avec notre troupe de filles. Sinon, pour répondre à la question, ce n’est pas du tout une pièce misogyne : il faut bien comprendre que Molière se moque de celles qui imitaient les précieuses. Car ces précieuses, comme on le dit dans la pièce, ont œuvré pour la condition de la femme, c’était un peu des pionnières du féminisme.

Votre mise en scène se transforme en grand divertissement théâtral – comme vous le faites encore dire à une comédienne… Ce qui correspond à votre vision du théâtre non réservé à une élite, comme vous l’avez affirmé à nos collègues lyonnais dans une précédente interview…
Je pense que cette production peut être vue d’un point de vue strictement divertissant, avec la fantaisie, le côté farce de la pièce de Molière, les chorégraphies que l’on propose, les costumes, les couleurs… Et puis aussi le côté un peu série américaine, très codifié… Mais, d’un autre point de vue, avec la compagnie, on s’est énormément pris la tête sur ce courant précieux, sur la condition féminine de l’époque… On a donc essayé de véhiculer des choses, toute fois sans jamais se prendre au sérieux, sans faire de la théorie. Car les gens viennent au spectacle le soir pour se détendre, passer à autre chose… Malgré tout, si on a envie, on peut aussi se questionner, en se demandant quel regard porte la compagnie sur la condition féminine, la préciosité…

Après plusieurs autres spectacles, c’est votre première incursion dans le théâtre dit de répertoire. Ce genre de propositions est-il plus simple à monter et à défendre ?
Oui, monter Shakespeare ou Molière, c’est prendre moins de risques et être sûr d’avoir des salles remplies. La preuve en est avec la fréquentation que l’on a eu au Théâtre de la Croix-Rousse [à Lyon, trois semaines de représentations complètes – NDLR] : on ne l’avait pas vu venir, c’était extrêmement flippant et angoissant ! Et là, sans faire le modeste, j’ai du mal à croire que ce soit le simple nom de la compagnie ou le mien, ou de qui que ce soit parmi les comédiennes, qui soient à l’origine de ça !

LES PRÉCIEUSES RIDICULES
Mardi 25 janvier à 20h30, au Centre culturel Jean-Jacques Rousseau (Seyssinet-Pariset)

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