À l'occasion de son DJ-set de samedi au Bar MC2 pour l'anniversaire d'Interface Electronics, on a fait le point avec Miss Kittin sur l'évolution de la scène club.Propos recueillis par Damien Grimbert
Petit Bulletin : Vous suivez toujours d'aussi près les sorties musicales, ce que passent les autres DJs, ou vous avez pris un peu de recul par rapport à ça ?
Miss Kittin : Heureusement que je me tiens encore informée, sinon il serait temps de changer de métier ! J'essaie de changer ma sélection à chaque set, mais avec du recul, ce n'est pas la course à la nouveauté non plus, le monde musical ne change pas de semaine en semaine.
Quels sont les artistes qui vous ont le plus marquée ces derniers temps ?
Ces derniers mois, le DJ qui m'a vraiment surprise par sa personnalité, en dehors de ses sets d'ailleurs, c'est Seth Troxler. À mes yeux, c'est un peu le Jean-Michel Basquiat de l'électronique, c'est un vrai original.
La scène club est un peu tranchée depuis quelques années, certains DJs privilégient l'efficacité, d'autres le côté « cérébral »... Quelle est votre vision des choses ?
Je suis tout simplement éclectique, j'essaie de mélanger tout ce que j'aime, le cérébral, et le côté plus festif. Je trouve d'ailleurs qu'il y a tout de même un retour à ce style de deejaying "classique", avec des gens comme Ivan Smagghe, Damian Lazarus...
La surmultiplication des labels, des artistes, des sorties... Vous en pensez quoi ?
Ça m'enthousiasme bien sûr, ce serait triste de ne pas se réjouir de toute cette créativité. Même si évidemment, il y a beaucoup de médiocre et très peu d'excellence. Mais au moins, il y en a pour tous les goûts...
Les DJs se plaignent de plus en plus de l'uniformisation des différents clubs à travers le globe. Vous rejoignez ce constat ?
Je ne crois pas. C'est sûr qu'on ne peut plus prétendre à l'excitation des premiers jours, mais on a gagné en confort, et sans cette évolution, je ne serais sans doute plus là à parcourir le monde et pouvoir vivre de ma passion. Je vois surtout une multitude de DJs pourris gâtés qui jouent beaucoup trop, au point de ne plus savoir dans quelle ville ils sont, et qui ont oublié que leur rôle est aussi de donner une personnalité au club. Je pense qu'on peut s'estimer heureux d'avoir autant de clubs dans le monde où se produire.
Vous êtes toujours en quête de la fusion parfaite entre pop et musique électronique, ou vous avez l'impression d'avoir atteint votre but ?
Je m'en approche en tout cas. C'est le travail d'une vie, j'ai l'impression. Il y a encore beaucoup à faire pour que le public adhère à cette pop-là, vu la soupe qu'on lui sert à longueur de journée sur les ondes et à la télé. Mais mon but est plus humble, j'essaie juste d'exprimer le plus fidèlement possible ce que je ressens.
Vos projets en cours pour 2011 ?
Je travaille sur un nouvel album solo...
Miss Kittin, Kosme et Juliano
Samedi 5 mars, au Bar MC2.