La Ballade de l'Impossible

De Tran Anh Hung (Jap, 2h13) avec Ken’ichi Matsuyama, Rinko Kikuchi…

Si La Ballade de l’impossible est adapté d’un roman de Murakami, il y a quelque chose de proustien dans la manière dont Tran Anh Hung réussit à recréer à l’écran la sensation, parfois précise, parfois flottante, du souvenir. Ce souvenir, c’est celui des années 60, années de jeunesse pour Watanabe, un étudiant brillant et introverti amoureux de la petite amie de Kizuki, dont le suicide inexpliqué sert d’ouverture au récit. Le film ne cesse d’accélérer et de ralentir le temps, s’arrêtant sur un détail (la main coupée par la vitre dans le magasin de disques), regroupant les événements en une suite de scènes impressionnistes (les escapades érotiques de Watanabe) ou, à l’inverse, laissant les séquences s’écouler dans leur durée réelle, comme des moments fixés pour l’éternité dans la mémoire du héros. Tran Anh Hung, dont la maîtrise visuelle est ici à son sommet, surprend par sa capacité à saisir la vérité des rapports humains, attentif aux élans, hésitations et apories de ses personnages. Très émouvant sans jamais verser dans le pathos, le film se paie même le luxe d’envolées lyriques très inspirées ou de touches humoristiques bienvenues dans un récit dominé par la mélancolie et l’inquiétude. Beau, simple et touchant, La Ballade de l’impossible mérite vraiment le coup d’œil en cette période pré-cannoise. Christophe Chabert

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