L'union fait la force ?

Cette semaine démarre la Quinzaine contre les discriminations à Seyssins, l’une des multiples initiatives de ce genre dans l’agglo. Sa singularité ? Elle est animée par un artiste, Ali Djilali-Bouzina, qui défend son projet mordicus et évoque l’éventualité d’une future mutualisation. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : On vous connaissait homme de théâtre, comment vous êtes-vous retrouvé dans l’organisation de cet événement ?
Ali Djilali-Bouzina : La manifestation existe depuis une dizaine d’années, et se déroule sur une quinzaine de jours depuis maintenant trois ans. Pour ce genre d’initiatives, il faut un politique qui lance l’idée, qui soit la pierre angulaire – là, il s’agit de Michel Baffer, le maire de Seyssins. Je suis allé le voir un jour en lui disant que cette question de l’autre, de la discrimination m’intéressait artistiquement, et désormais, je mets en place la coordination de la quinzaine. On propose des spectacles, majoritairement gratuits ; on accomplit tout un travail en direction des scolaires, on multiplie les rencontres, les débats ou même les formations. Le but est de faire tomber les clichés, d’expliquer le principe au plus grand nombre, d’impulser les choses pour créer du lien et de développer des projets dans des endroits qu’on n’aurait pas imaginés. C’est comme ça que ça marche, par la sensibilisation, dans les écoles particulièrement.

Comment est perçue cette intervention dans le processus éducatif ?
Ce qui est extraordinaire, c’est que les directeurs d’écoles de Seyssins travaillent main dans la main avec la municipalité, ils sont réactifs, partie prenante, sont convaincus de la chose. Certains instits résistent, disent qu’ils sont trop sollicités… Mais je m’arrange, je monte au créneau, j’explique la démarche. Je suis persuadé que c’est ça le fondement, l’éducation. C’est à ces endroits-là qu’il faut déposer cette plante, cette graine pour lutter contre les différences, faire comprendre par des interventions – c’est de cette façon que moi j’ai appris.

On peut être tenté de dire que ce genre d’événement sert à se donner bonne conscience, qu’on se sensibilise pendant deux semaines et plus du tout le reste de l’année…
Alors justement non, parce que Seyssins typiquement organise des choses toute l’année, des débats, des rencontres, c’est un travail qui s’installe dans la durée, ce qui est à mon sens la bonne marche à suivre.

C’est plutôt étonnant qu’un événement existant depuis dix ans n’ait pas plus de soutien national…
C’est quand même une petite ville, ça reste à l’échelle de la commune, mais le maire souhaite lui donner une envergure sur l’agglomération. L’idée étant qu’en 2013, on soit sur une manifestation globale éventuellement prise en charge par la Métro. Comme on voit souvent ce genre de quinzaines contre les discriminations se mettre en place de ci de là, dans beaucoup de communes de l’agglomération, le projet de Michel Baffer serait de créer un événement en décentralisation, avec les villes qui voudraient bien participer et un rayonnement jusque dans des communes pas encore concernées par ce type d’initiatives.

On pourrait opposer l’argument qui consisterait à dire qu’en même temps, la multiplicité de ces événements donne une lisibilité à ces thématiques tout du long de l’année…
Je ne pense pas non plus qu’il faille simplement faire une quinzaine et rien d’autre, mais installer quelque chose qui ait du sens sur toute l’année. Il faudrait imaginer une lutte anti discriminations à l’année sur l’agglo mais avec un temps fort et d’ autres moments ; un peu comme le festival de jazz, avec le temps du festival mais également des piqûres de rappel pour maintenir le public… Le problème maintenant, ce sont les moyens. L’idée à l’œuvre c’est aussi de fédérer les moyens au niveau de l’agglomération.

Mais sur ces questions-là justement, le climat dans l’agglo pue un petit peu, non ?
Effectivement, il ne faut pas se leurrer, le fait est qu’on ignore encore à quel point ce projet à l’horizon 2013 va être soutenu. Mais en tout les cas, le maire de Seyssins se bat, et il n’est pas le seul.

Quinzaine contre les discriminations, le racisme et pour la fraternité
Du 6 au 22 mai, à Seyssins

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