Faites du bruit (mais pas là)

Avant-goût d’une édition 2011 du Cabaret Frappé qui risque d’envoyer le bois, le pâté et plein d’autres trucs, la discothèque silencieuse de ce samedi est emblématique de l’orientation d’un événement en perpétuelle réflexion sur son caractère populaire. François Cau

Les sages et même quelques autres s’en rappellent, et colportent la légende à qui veut l’entendre. Il fut un temps où le Cabaret Frappé, l’une des plus conséquentes manifestations musicales de la ville de Grenoble, durait trois semaines. Les plus assidus du festival sortaient en rampant, repus par tant de concerts de qualité, grâce à une ligne éditoriale jonglant entre découvertes indispensables, indés renommés, flamboyantes pousses locales et une pincée d’artistes fédérateurs. Pour ce qui est de cette ligne, l’exigence n’a pas été revue à la baisse - la programmation du cru 2011 le souligne avec panache, comme peut en témoigner notre sélection ci-contre. Pour ce qui est de la quantité, c’est une autre paire de manches ; les crises sont passées par là, avec leur cortège de flingues à peine métaphoriques sur la tempe. La panique générale dans l’industrie du disque a élevé les tarifs des prestations scéniques dans des hauteurs stratosphériques, réaction primaire à la mutation “incompréhensible“ du marché. Et forcément, les organisateurs d’événements dont le cahier des charges insiste à bon escient sur la prime vocation populaire ne sont pas vraiment enthousiastes à l’idée de débourser une fortune, et incidemment de vendre des tickets au prix fort. Surtout quand derrière, le budget stagne et ne peut suivre la hausse – la crise, encore et toujours elle, cette garce au sourire putride. De l’optimisme, tudieu
Et donc nous voilà en 2011 avec six jours de festival stricto sensu, sans compter les animations coordonnées par l’équipe du Cabaret. Fort heureusement, il y a tout de même plusieurs raisons de remiser la nostalgie des temps glorieux aux oubliettes. Donnons direct dans le racolage : en tête d’affiche, on trouve CocoRosie, exclusivité locale négociée de haute lutte pour nous, les jeunes. En binôme avec H-Burns, on pourra se repaître de la performance du légendaire Chris Bailey, du groupe The Saints, histoire de réviser son histoire du classic rock. Excellente initiative, l’institution des concerts de troisième partie de soirée, à 23h sous le kiosque, qui, non contents de proposer des artistes tout ce qu’il y a de plus recommandables (Djazia Satour, Stranded Horse, Jim Yamouridis, The 1234), sont totalement gratuits – pas qu’un peu, totalement. Enfin, pour le prix de l’aller-retour en bulles, la soirée de clôture du site sommitaaaaaaal de la Bastille verra se succéder aux platines deux fers de lance du label Ninja Tune, DJ Food et DK. Tous ces éléments tendent à démontrer le souci de l’équipe du Cabaret de composer un événement prenant en considération le public, en dépit des contraintes financières qui pousseraient d’autres au repli sur soi. Mieux, le festival donne son sens à la Belle Estivale, l’agrégat d’animations regroupées sous un intitulé fleuri made in Ville de Grenoble. On achève bien le disco
C’est dans cette même logique que s’inscrit Silence on danse !, la première soirée concoctée par la team Cabaret. Créé par deux teufeurs hollandais en 2002, le principe de la discothèque silencieuse s’avère plutôt fun : on fournit des casques permettant d’écouter deux sets aux couleurs musicales différentes, que vous choisissez selon vos affinités musicales ou envie du moment, le tout étant joué live par des DJs. Dans l’ombre, des voix s’élèvent et arguent qu’un vrai live ne se vit pas comme ça, qu’il faut ressentir des vibrations, se faire happer par la performance – c’est vrai. Mais 1/ le line-up déchire gentiment sa maman (citons Leonard de Leonard et Arnaud Rebotini, qu’on ne se lasse jamais de revoir dans nos contrées reculées) 2/ c’est encore une fois totalement gratuit ; oui, totalement 3/ avez-vous déjà surpris vos voisins d’en face en pleine partie de Wii ? ça vous a fait sourire ? Imaginez la même chose avec plusieurs milliers de personnes… Silence on danse !
Samedi 2 juillet de 19h à 3h, au Parc Paul Mistral
Cabaret frappé
Du 23 au 29 juillet, au Jardin de Ville

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