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Qui ne faudra-t-il absolument pas louper pendant ces sept jours de festival ? Réponse argumentée avec cinq artistes. La rédaction

L’île aux enfants
CocoRosie. Deux sœurs aux voix transgenres et sans âge véhiculant tout le poids d’une tradition ancestrale née dans les Appalaches et la modernité d’une démarche musicale entamée dans une salle de bain parisienne (lieu d'enregistrement de l'inaugural La Maison de mon Rêve). De cette rencontre entre un vieux phonographe à cylindre, un ghetto-blaster et un mange-disques pour enfants, est apparue une musique inclassable pratiquée avec la grâce et l’innocence de ces petites filles qui, dans certains films, parlent aux fantômes : blues bohémien, comptines hip-hop, bluegrass de chambre, opérette lo-fi, mélodies sacrées sur rythmes païens. Car les sœurs Casady, à la fois inquiétantes et sucrées, doivent autant à Billie Holiday qu’à Björk, à Frida Kahlo qu’à Sitting Bull, et pourraient tout à fait ouvrir une porte dans un épisode de Deadwood et la refermer dans Twin Peaks ou chez les Bisounours. Reste que si l’univers fonctionne pleinement sur CD (malgré la perte en originalité et en saveur de leur mixture au fil des albums – elles en sont au quatrième), en live, c’est souvent plus aléatoire. On se souvient ainsi d’une prestation aux Nuits de Fourvière 2008 plus que décevante, les deux sœurs semblant totalement à côté de leur concert, ne transmettant aucune émotion. Espérons que nous étions tombés sur une mauvaise date – ce que des indicateurs fiables semblent confirmer
Mardi 26 à 21h, sous le chapiteauPlay it
H-Burns ne joue pas là ses premières cartes. Après plusieurs albums et autant de louanges, et avant l’enregistrement du prochain dans quelques mois avec Monsieur Steve Albini, la tête pensante et chantante du groupe s’est offert une parenthèse dorée : une collaboration avec Monsieur Chris Bailey. Qu’ils défendent cette dernière à Grenoble a quelque chose de logique et de complètement réjouissant. Artiste de la région dont le succès grandit pourtant plutôt ailleurs, Monsieur Burns n’a de cesse de nous montrer sa bouille de folkeux sans jamais décevoir, toujours sur le fil mais jamais dans l’épanchement gratuit… Que cette réunion plus rock qu’à l’accoutumée se déroule sur nos terres nous paraît donc salutaire.
Lundi 25 à 21h, sous le chapiteauCoquette monture
Stranded horse, ou un français caché derrière la kora qu’il a lui-même fabriquée (cette harpe-luth mandingue, instrument africain comptant plus de vingt cordes), ou un poète échoué dans un espace temps inadapté, offrant un folk médiéval envoûtant et virevoltant. Après un album enregistré en 2008 en collaboration avec le joueur de kora connu le plus respecté – Ballaké Sissoko, de fait bluffant – Stranded Horse a sorti cette année Humbling tides, sublime en tous points. Elocution mystérieuse, nonchalance désabusée, phrasé au rythme fluide embrassant le jeu ondulant de la kora : le sieur excelle en anglais et fait des étincelles dans ses textes en français (écoutez en priorité Les axes déréglés, Le bleu et l’éther). Dans ces conditions, assister à un live intimiste une fois la nuit tombée et sous le kiosque du jardin de ville devient une aubaine, la promesse d’une fin de soirée à l’onirisme à la fois décadent et béat.
Jeudi 28 à 23h, au kiosque (entrée libre)Miiiaaaaoooouuu
Si le sang royal ne coule sans doute pas dans ses veines, et que le mot « princesse » serait plus approprié pour parler d’elle, si du chat elle n’a pas grand-chose – bien qu’elle soit sûrement capable des miaulements apeurés les plus mignons – l’artiste compositrice interprète connue sous le nom de Prince Miiaou n’est pas pour autant une usurpatrice. Frêle et fragile, fantomatique et discrète, elle prend pourtant possession de la scène avec une aisance raffinée peu commune. Vue sur sa précédente tournée en première partie de Shannon Wright, on notait chez elle le même processus de mise à nu émotionnelle que chez l’Américaine : livrée sur scène à l’œil et à l’oreille alertes du public, elle semble être là, entière et incomplète, endolorie mais forte, juste humaine. De morceaux de rock pop alternatif anglais à des titres en français (et intelligents), son répertoire se complaît dans la diversité, s’approchant à pas feutrés d’une poésie sonore à l’indépendance généreuse et louable. On est contents de découvrir la suite.
Mardi 26 à 19h, au kiosque (entrée libre)Respect
On en a vu défiler ces derniers temps des chanteuses à forte voix pouvant rivaliser avec les divas soul américaines de légende. L’Anglaise Alice Russel est de celles-ci. Orchestration rétro pour un univers musical oscillant entre la soul donc, mais aussi le jazz, le funk, le gospel, voire le hip-hop : sur Pot of Gold, son dernier opus en date (2008) qui connut un succès considérable de l’autre côté de la Manche, tous les ingrédients sont bel et bien là, judicieusement mixés les uns aux autres. L’histoire, alors, se charge de légitimer l’artiste : un père organiste qui dirigea l’orchestre d’une chorale, un parcours fait de collaborations avec divers groupes comme Quantic Soul Orchestra, et des reprises de standards récents (Seven Nation Army, ou Crazy) à sa sauce – façon judicieuse de s’imposer aux oreilles du grand public : le CV d’Alice Russel parle pour elle. On espère alors que la bête tapie sur CD prendra vie sur scène.
Samedi 23 à 21h, sous le chapiteau

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