Chienne de vie

Pour son passage à la forme cinéma (avec un moyen-métrage de quarante minutes), le metteur en scène Vincent Macaigne, déjà aperçu par deux fois à la MC2, conserve sa patte et, surtout, son univers. Celui d'un jeune adulte paumé dans le monde normé qu'on lui impose. Un monde où le poids des règles et la nécessité quasi vitale de les suivre avec respect guident le destin de tous. Sauf, évidemment, de ceux qui, marginaux, s'en affranchissent, avec les conséquences que cela a – ou devrait avoir. Ce qu'il restera de nous présente deux frères que tout oppose : l'un a suivi scrupuleusement les ordres familiaux, abandonnant la musique au profit d'HEC. L'autre a tout envoyé bouler, avec l'insolence des êtres qui savent qu'ils n'ont rien à attendre de ce qu'on leur propose. Mais quand le père meurt, ce qui aurait dû arriver n'arrive pas : le fils prodige ne reçoit rien, au contraire de l'autre, celui qui réalise « des aquarelles de merde ». « A croire qu'il [le père] n'aimait pas les faux-culs. » Forcément, après cette situation vécue comme injuste, la confrontation ne peut être que totale, sans issue. Une fois compris les vicissitudes de l'existence, les personnages éructent toute leur haine contre le système, en faisant preuve d'une violence forte et ignoble envers ceux qu'ils estiment être – à tort ou à raison – la cause de tous leurs maux. Moins nourri au trash et à l'hémoglobine débordante que ses mises en scène de théâtre, ce film de Vincent Macaigne en devient tout aussi fort, d'une autre manière, le cinéma permettant cette confrontation entière avec la réalité que cherche Macaigne, sans passer par le filtre de l'artifice scénique couplé à cette nécessite d'excès qu'il s'impose d'habitude. AM

CE QU'IL RESTERA DE NOUS
Vendredi 8 juillet à 14h30. Sélection Regards (hors compétition)

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