Blog Cabaret Frappé 3 : A Tale of Two Sisters

On ne se laisse pas abattre et on continue aujourd’hui avec les live reports de Prince Miiaou, CocoRosie et Jim Yamouridis. François Cau

On ne sait pas comment c’est humainement possible, mais la foule devant le kiosque est encore plus dense que la veille, bon nombre de doux rêveurs caressant l’espoir d’obtenir une place in extremis pour le live du soir, complet depuis un petit bout de temps. Comme pour encourager les ardeurs, Le Prince Miiaou balance un set de plus en plus débraillé, dépassé par sa propre virulence – et par le son qui peine à suivre. Pour ce qui est de la réception, il y a schisme : soit on se laisse prendre de force, soit on rejette en bloc, et la reprise finale mitigée de Placebo ne fera rien pour réconcilier qui que ce soit. Quelques minutes avant le début du show de CocoRosie, la circonspection est de mise. Les assidus des sœurs Casady le savent bien, avec elles, c’est quitte ou double, leur concerts sont forcément magiques ou totalement ratés. Renseignements pris par une huile du Cabaret, leur live précédent était une adorable catastrophe, on a donc une chance. Et de fait, la loi des séries se vérifie : les lunatiques frangines ont donné une performance de haute tenue. De notre côté, on ne partait pas vraiment gagnant, moyennement convaincu par la relative monotonie se dégageant de leur dernier album, Grey Oceans. Tandis que l’écran derrière elles distille des images de leur imaginaire foutraque (à base de bouffons médiévaux tirant des tronches évanescentes dans des champs – le tout en couleurs criardes), les sœurs envahissent la scène, Bianca avec son éternel air de lutin sous crack, Sierra avec ses attitudes et sa masse de cheveux évoquant, parfois, l’impression assez absconse de voir un toaster ragga hip hop blanc du 19e siècle. Tout outrancier que soit leur décorum, les Casady et leurs musiciens embarquent illico le public, donnent un relief salvateur aux compositions de Grey Oceans. Au bout d’une demi-douzaine de titres, leur plaisir devient de plus en plus communicatif, menant tout droit à une réinterprétation électrisante de leur fabuleux Japan. Passé ce morceau de bravoure, le concert amorce une paisible descente, délicate apothéose d’un spectacle réussi.Pour finir en douceur, Jim Yamouridis prend le relais à 23h sous le kiosque. Cet Australien d’origine grecque vivant désormais dans un village auvergnat de 50 habitants (d’une certaine façon, tout ça se sent dans sa musique !) n’est absolument pas ce monolithe austère suggéré par la pochette et surtout les puissantes incarnations vocales d’Into the day, son dernier album. On a plutôt affaire à un crooner rétro, avenant, au calme olympien à même de transfigurer des textes dont le caractère poétique n’exclue pas une noirceur enveloppante. Bien entouré des musiciens d’Into the day, dont un Seb Martel désireux de s’adonner à totalement autre chose que ses bouillonnantes activités parisiennes, Yamouridis, peut-être un peu trop en retenue, laisse couler sa sublime voix dans tout le Jardin de Ville, en une série d’étreintes idéales pour conclure cette soirée.

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