Blog Cabaret Frappé 5 : Kora ! Kora ! Kora !

Avant-dernier tour dans la ronde du Cabaret Frappé avec HK et les Saltimbanks, Lokua Kanza et surtout Stranded Horse. François Cau

Aujourd’hui, l’exercice du blog est périlleux. À l’exception de l’artiste programmé en fin de soirée, c’est peu dire qu’a priori, on ne goûte pas vraiment les univers musicaux proposés. L’écueil consisterait dès lors à s’avouer battu dès le départ, en d’autres termes, à se laisser plomber par le souvenir toujours vivace du nombre incalculable de soirées passées entre moult jeunes étudiants confinés dans un appart’ voué à en accueillir la moitié, à subir les mêmes disques de chansons festives, reggae ou world en boucle. L’album Citoyen du monde ! de HK et les Saltimbanks, typiquement, est en complète symbiose avec ce genre d’ambiance, positionnant la formation comme le chaînon manquant entre Pep’s et Java. Sur scène, les Lillois assument clairement leur filiation avec Zebda via un esprit de groupe chaleureux, des harangues engagées du public fonçant tête baissée à travers des portes méchamment ouvertes, ou une set-list dédiée à impliquer l’auditoire le plus possible. Le public du Cabaret Frappé se laisse faire avec un grand enthousiasme, répond au taquet aux interpellations de Kadour Haddadi ; pour notre part, nous résistons, ne lâchons rien et fendons la foule. Venu défendre son dernier album Nkolo, enregistré entre le Congo, le Brésil et la France, Lokua Kanza s’est quant à lui chargé d’apporter douceur, tendresse et réconfort bienveillant au public qui en redemandait, en cette période où Grenoble est aussi glamour qu’un crachin acide de fin octobre sur la friche Bouchayer-Viallet. L’artiste blague avec des spectateurs conquis par sa gouaille, met en avant le caractère familial de sa formation pour embarquer l’assistance dans l’instant présent, le chapiteau se sent bien, il est détendu, il a foi en demain, puis sort et revient à lui-même aux premières gouttes de pluie.Malgré ces infimes caprices célestes, Stranded Horse s’installe, seul, sous le kiosque à 23h. Il sait qu’avec son répertoire infiniment délicat, accompagné d’une kora de sa confection comme unique alliée, il part au casse-pipe. De fait, au bout d’une minute du premier morceau, la majeure partie du public décroche ; en dehors d’une poignée d’irréductibles massés devant le kiosque, le brouhaha des discussions rivalise même avec le volume sonore ouaté de la performance. Il faut contourner le bar, s’éloigner un peu derrière la régie, et le tour est joué : le son cristallin de Stranded Horse parvient sans parasites, et envoûte. D’une sensibilité désarmante, d’une fragilité maîtrisée mais jamais calculée, le set, enrichi de l’apport précieux de Clara, violoniste de Mansfield Tya, se mue très rapidement en fin de parenthèse magique de la soirée.

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