Clash Contre le Cinéma

Le Centre Culturel Cinématographique (CCC), ciné-club grenoblois historique, entame la saison dans une conjoncture morose, avec la somme de ses bonnes volontés comme principal atout. Le point avec Pierrette Amiot, présidente de l’association. Propos recueillis par FC

Petit Bulletin : Vous attaquez l’année sans salarié, et avec un budget en baisse…
Pierrette Amiot : L’an dernier, on fonctionnait au total avec 7500 euros. On n’a pas subi une très grosse réduction de budget, mais on a quand même une diminution des aides publiques. Le plus embêtant, c’est qu’avec nos subventions, ça fait longtemps qu’on n’a plus les moyens d’avoir un poste ne serait-ce qu’à mi-temps. Jusque-là, on fonctionnait avec des emplois aidés, ça allait bien, on a eu des personnes pendant deux ans. Mais depuis janvier, les emplois aidés ne sont pris en charge qu’à hauteur de 70%, ce qui n’est pas assez pour nous, d’autant que ce n’est plus que sur six mois. Autant de frais et de turn-over, on ne peut pas se le permettre. Ça reste notre problème le plus grave, ça fait beaucoup de travail pour des bénévoles si on n’a pas quelqu’un qui assure la permanence. Si on arrive à venir à bout de cette question, on continuera à exister doucettement comme avant, avec toujours les mêmes problèmes de coût de location des films, le pire étant le transport qui augmente tous les ans et qui coûte vraiment très cher. Mais vous bénéficiez toujours de l’accès au catalogue des ciné-clubs ?
Oui, la fédération s’occupe de négocier les prix de location des copies, qui restent élevés, mais le port est à notre charge. Il n’existe pratiquement plus de films en 16mm, ou alors en Version Française ou en très mauvais état, ce qui est exclu ; et donc on doit prendre des copies en 35mm, ce qui revient plus cher. Et pour ce qui est de la communication, vous êtes astreints par les statuts des ciné-clubs…
Voilà, on ne peut faire que des affiches noir et blanc, en format A3 maximum, on n’a pas le droit de faire de la pub – mais de toutes façons on n’en a pas les moyens. Pendant un temps, la TAG mettait nos programmes mensuels dans tous les arrêts de tram, mais elle privilégie sa propre communication. Donc on procède par mailing, et par la presse. Vous êtes arrivés à vous organiser ?
Oui, on a pris des décisions qui vont se mettre en place pendant le mois de septembre. Notre programmation est faite depuis longtemps, on n’y a rien changé. On va continuer à programmer toutes les semaines et entretenir nos partenariats. Après, on est nombreux au CA, on est 16. Ce n’est pas forcément très efficace parce qu’il y a forcément des gens qui ne viennent pas, ou ne s’investissent pas, mais on peut difficilement leur demander plus. Cela dit, je crois que ça a remotivé l’équipe de se dire que chacun doit participer. Diriez-vous que cette requalification des emplois aidés participe d’un vaste mouvement de dévalorisation et de déconsidération du milieu associatif ?
Oh oui, de la part des financeurs publics d’une façon générale. Il n’y a plus d’argent donc on rabote partout où l’on peut. La dernière fois qu’on a rencontré un représentant des pouvoirs publics, on nous a dit qu’il fallait faire mieux, avec moins. Mais je pense que tout le monde est touché, de plus en plus d’associations fonctionnent pour beaucoup avec des stagiaires – ce que nous ne pouvons pas nous permettre.Ça procède de l’assimilation globale de tout le milieu associatif, du ciné-club à l’amicale de bridge – c’est perçu comme un hobby, du dispensable.
Oui, c’est le cas pour tout le milieu culturel, le côté lecture d’images… Ceci dit, ce dernier aspect a du poids pour la mairie, parce qu’on travaille avec les lycées une fois par mois. Est-ce que cette situation met en péril le Festival des Maudits Films ?
Si un festival ne grandit pas, il ne meurt pas mais s’étiole. Cette année, la déléguée générale voulait l’agrandir d’une compétition de longs-métrages. Et ça, si on n’a pas le financement, on va être obligé d’y renoncer. L’année dernière, on a eu beaucoup de fréquentation - on a tout de même rempli une salle avec Planète Interdite ! -, et on a tout juste équilibré le budget avec les subventions qu’on avait. On va sûrement être forcé de revoir à la baisse, d’autant qu’un autre problème se profile : on a renégocié la convention de la salle Juliet Berto avec la mairie, qu’on a toujours deux jours par semaine (les mardi et mercredi), mais à présent, si on souhaite l’avoir un autre jour dans la semaine, on paie comme si on était en association extérieure. Ce qui n’est pas évident pour organiser un festival. D’après ce qui se dit, il y aurait apparemment trop de festivals de cinéma sur Grenoble et l’agglomération. Personnellement, je ne trouve pas qu’il y ait trop de livres dans la rentrée littéraire, je ne trouve pas qu’il y ait trop de pièces de théâtre ou trop de films sur Grenoble… Il n’y en a jamais trop.

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