Sorties de route

Une guitare, une batterie, un nom lapidaire propice aux calembours journalistiques de mauvais aloi, des jeux de mots rigolos en guise de titres de morceaux (Jack Sabbath, Tropicon, Choux Crâne et on en passe)… Comme ça, a priori, le duo noise Pneu a tout du projet super sympa, dont on apprend l’existence distraitement avant de poursuivre sa vie avec sérénité.

Pourtant, comme souvent, “on“ a tort. Premier signe qui ne trompe pas, leur deuxième album Highway to Health (successeur d’un Pince Monseigneur déjà très convaincant) bénéficie des bons offices de Kurt Ballou à la production. Qui ? Mais rien moins que le guitariste de Converge, foutredieu. Qui ? Mais le groupe pionnier du punk hardcore, bordel de merde – en gros, pour vous faire une idée, dès que le groupe joue dans une salle dans un rayon de 1000 kilomètres, vous pouvez être sûrs que tous les métalleux à la ronde vont s’y rendre comme en pèlerinage. Ceci étant précisé, que les puristes de Pneu se rassurent : ce n’est pas parce que les deux tourangeaux ont enregistré pour la première fois dans des conditions professionnelles qu’ils ont mis de l’eau dans leur vin. Highway to Health poutre, envoie le bois, défouraille, tire à vue sur les carcans esthétiques – les deux compères peuvent tout autant torturer un riff d’AC/DC (Autosafe unicorn), faire beugler le chanteur d’Oxbow sur un titre aux circonvolutions épiques (Knife fight), que parodier la musique tropicale en rendant un discret hommage à l’une des plus fameuses fausses pubs des Nuls (Tropicon). Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, cette double affiche du 5 octobre est absolument immanquable pour tous les amateurs de rock rentre-dedans.

A cet égard, une question reste cependant en suspens : lors de leur concert à la Bobine, les deux musiciens de Pneu vont-ils jouer au beau milieu du public, comme à leur savoureuse habitude ? FC