Les artistes que vous ne devez pas manquer à cette édition de Rocktambule, sous peine d'arriver après la bataille. FC
Phoebe Killdeer and the Short Straws
Oui, on le sait, la volcanique demoiselle et son impeccable formation sont déjà passées à Grenoble. Mais franchement, qui êtes-vous pour cracher sur une promesse systématiquement tenue de live homérique, porté par une chanteuse avec plus de présence scénique, d'originalité et de force vocales que la gigantesque majorité de ses contemporaines ? Hein, non mais franchement, qui êtes-vous ? Pour vous bouffer les ongles, les doigts puis les bras jusqu'aux coudes de votre inexcusable fatuité, repentez-vous en écoutant son dernier album, Innerquake, sorti fin septembre à l'attention des justes qui achètent encore de la musique. En suivant l'enchaînement des tracks à grands renforts de spasmes corporels de plus en plus incontrôlables, on en vient à languir le concert encore plus, à se remémorer ses improbables mimiques faciales, annonciatrices de la saine violence rock à venir. Pour ne pas apaiser les esprits le moins du monde, la première partie sera assurée par Nadj, notre pasionaria rock grenobloise de circonstance.
Vendredi 14 octobre à 20h30, à l'Ampérage.
Amadou & Mariam
Franchement, du temps de leur fricotage avec le renégat Manu Chao, on ne portait pas spécialement d'attention au duo malien. Pour tout dire, à force d'écoutes répétées dans tous les médias, on en était même venu à développer une certaine hostilité envers leur Dimanche à Bamako, pas très loin de la furie vengeresse qui étreint à la seule vision d'un CD de l'album Clandestino. Et puis, en 2008, au moment où on s'y attendait le moins, le génial Damon Albarn apporte à leur musique une goûteuse mélancolie électro, avec le single Sabali. En bons hipsters grossièrement refoulés qui se respectent, le doute nous frappe alors : merde, et si on avait été aveuglé par un anti-manuchaoisme primaire ? À l'écoute de leur récent disque de remixes, où s'ébrouent aussi bien Yuksek que le terrible Bob Sinclar, le doute s'embrume. La réponse viendra de leur performance sur scène, lovée entre les Ogres de Barback et Yoanna.
Jeudi 20 octobre dès 18h30, au Chapiteau de l'Esplanade, Porte de France.
High damage
Si Phoebe Killdeer est déjà passée à Grenoble, les lyonnais d'High Tone, eux, sont quasiment ici chez eux. Mais on ne les remerciera jamais assez d'avoir brutalisé de fond en comble la routine dub hexagonale, ou d'avoir hypnotisé avec leurs shows intimidants des cohortes et des cohortes de spectateurs différents, parfois même pas sous influence. Le groupe a décidé de s'associer avec les énergiques mais plus lambdas Brain Damage, pour un spectacle de près de 2h30 créé pour la première fois à Grenoble. Le rêve pour les amateurs de dub, le piège fatal pour les réfractaires à ce genre musical, hautement polémique au sein de la rédaction. Ce “High Damage“ promet en tout cas un dispositif scénique inédit pour l'occasion. En avant-goûts, Chinese Man entraînera le dub sur les sentiers convenus du reggae et du hip hop, et Kaylz, de façon un peu plus kamikaze, en explorera le versant métal et stoner rock.
Vendredi 21 octobre dès 18h30, au Chapiteau de l'Esplanade, Porte de France.
Sly & the Gayz
À la vision de ces jeunes foutriquets en costumes flashy, toute obscénité et Chartreuse dehors sous le kiosque du Cabaret Frappé cet été, les ultimes soupçons se sont évaporés dans les quelques esprits encore perdus sur la question. Oui, Sly & the Gayz, c'est quand même n'importe quoi. Leur mélange velouté et aliénant de new wave et de disco italienne, leurs personnages, odieuses incarnations du cynisme qui engloutira la création mainstream dans les ténèbres, leur accent anglais, tout ça ne nous mènera nulle part. Mais leur témérité à poursuivre le show malgré tout, à coups de refrains vicieux, témoigne d'une abnégation à sonder l'abysse finalement plutôt sympa.
Samedi 22 octobre dès 18h30, au Chapiteau de l'Esplanade, Porte de France.
Joakim / Vitalic
En sympathisants suspects de la cause électro, on a bien évidemment brûlé des dizaines de cierges après avoir pris connaissance du binôme fatal programmé avec les mignonnets The Dø. Joakim, DJ, remixeur, producteur et compositeur de grand talent repéré par nos soins avec son puissant Monsters & Silly Songs en 2007, a cependant déconcerté nos petits cœurs d'albâtre avec son dernier album, Nothing Gold, un peu trop ronflant dans ses épanchements rétro. Il va cependant sûrement nous faire taire avec un set létal dont il a le secret. Vitalic, lui, tourne encore avec son album de 2009, Flashmob, et s'est taillé au mérite une réputation de rouleau compresseur musical, à même de venir à bout des foules les plus revêches avec sa maîtrise quasi militaire de la montée.
Samedi 22 octobre dès 18h30, au Chapiteau de l'Esplanade, Porte de France.