Jazz / Le nom du dernier album du talentueux saxophoniste Stefano di Battista – Woman’s land - annonce le programme. À l’image du titre final éponyme, lancé sur une impro de la poétesse récemment disparue Alda Merini, ce qui se développe dans ce disque, c’est un sentiment d’hommage, de déférence à plusieurs grandes figures féminines, à leur potentiel d’évocation, un jeu sur les images immédiatement renvoyées et leurs détournements par les moult possibilités du jazz contemporain. Sur le fond, di Battista convoque les spectres de John Coltrane et Sydney Bechet en détournant leurs techniques, ou la musicalité textuelle de Pier Paolo Pasolini pour le texte final. Sur la forme, les styles sont violemment éclatés d’un morceau à l’autre, comme peut en témoigner la délicate intro piégée au piano du Molly Bloom inaugural : bien vite, le saxo crée une ligne mélodique plus mutine, vouée à être explorée de façon ludique. Ensuite, pour Valentina Tereskova (astronaute russe), on part dans une parodie de thème à la James Bond, au crescendo finement amené. Avant de redescendre totalement avec un Rita Levi qui nous fait presque peur avec son chant énamouré et doucereux, pour mieux nous cueillir à mi-parcours. Les figures les plus attendues (Coco Chanel, Ella Fitzgerald, Josephine Baker) donnent lieu à des exercices de style savoureux, où s’épanche enfin la virtuosité de Stefano di Battista - celle-ci se fait carrément branque sur Lara Croft, et somptueuse sur Anna Magnani. Soit un programme rêvé pour son concert de vendredi. FC
Stefano di BattistaVendredi 14 octobre à 20h30, au Grand Théâtre de la MC2.
