Sa petite cuisine

Catherine Ringer défend depuis le début de l’année sur toutes les scènes de France son premier album post Rita Mitsouko. Avant de la voir à Grenoble, on a réussi à lui poser quelques questions tardives, à la sortie de son show nantais. Propos recueillis par François Cau

Comment est-ce que vous jaugeriez jusqu’à présent les réactions du public aux compositions de Ring’n’Roll ?
Catherine Ringer : Elles sont positives, et du coup j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile, de ne pas avoir perdu de temps et de ne pas avoir déçu les gens.

L’album passe à travers des émotions très différentes, comment est-ce que vous le vivez sur scène ?
En interprétant, simplement, en passant d’une ambiance à une autre.

Ces ruptures de ton m’ont beaucoup étonné à la première écoute, je me suis peut-être dit que c’était parce que moins d’albums aujourd’hui s’autorisent cette liberté…
Au niveau de toute la production actuelle, je ne pourrais pas juger ; mais pourtant à notre époque on zappe beaucoup, on passe souvent d’une atmosphère à une autre… De mon côté, c’est un procédé dont on avait l’habitude avec les Rita, ici c’est peut-être plus poussé, je ne sais pas. Mais il y a quand même une unité d’interprétation, quelle que soit la chanson, c’est la même patte qui le fait.

En réécoutant justement, je me suis dit que c’était votre voix qui faisait le lien, qui permettait de se raconter une histoire…
Oui effectivement, c’est tout à fait vrai. On rentre dans une petite histoire, un petit film.

Comment avez-vous élaboré le tracklisting de l’album ?
Je ne sais plus trop exactement, mais il y a des questions de successions, d’ambiances. C’est un peu comme quand on s’habille, qu’on se demande quel pantalon va avec quel pull. C’est amusant à faire d’ailleurs, ça change beaucoup la réception d’un morceau selon ce qui vient avant. Là on ouvre avec un morceau plein de vitalité, sur le printemps, la reproduction, puis on passe de l’euphorie à la dépression avec un titre plutôt sombre… ce sont des questions de tonalité et de rythme.

Vous avez bouleversé cet équilibre sur scène ?
Oui et non parce qu’en même temps il y a des chansons très différentes qui se succèdent mais il y a aussi beaucoup de chansons d’avant ; j’alterne entre des chansons de Ring’n’Roll et des chansons des Rita, ça fait une petite salade.

Pour votre album, vous avez écrit 17 morceaux pour n’en garder que 12 finalement. Qu’est-ce qui ne vous convenez pas dans les titres que vous n’avez pas retenus ?
Déjà je ne voulais pas forcément faire un album hyper long pour redémarrer tranquillement, puis certains morceaux étaient moins bons, quoi. Ou pas assez avancés, moins aboutis, j’étais moins à l’aise.

A la base vous deviez collaborer avec RZA du Wu Tang Clan sur la réalisation de cet album, que s’est-il passé ?
Quand on est arrivés à 80% des compos, je me suis dit que j’allais procéder comme avec les Rita, aller vers quelqu’un que j’admire et qui allait m’apporter quelque chose – en l’occurrence, un son très rythmé, où il sait très bien faire sonner les choses sans trop les enrober. J’ai sollicité RZA, il m’a dit oui, je suis allée le voir, on a bidouillé des arrangements. Puis je suis rentrée à Paris, j’ai réécouté tout ça et j’ai trouvé qu’il y avait des choses qui n’allaient pas, vous savez, comme quand on fait de la cuisine avec des épices qui ne correspondent pas, ou c’est trop riche, ça casse le goût. Je suis retourné en studio, j’ai gardé certaines choses, j’en ai enlevé d’autres, j’ai fini le mixage avec Mark Plati, avec qui j’avais commencé. J’ai appelé RZA pour lui dire qu’on allait finir sans lui, il m’a répondu de faire comme je le sentais, que c’était ça qu’il fallait, que de toutes façons on avait passé un bon moment. Quoi qu’il en soit, il était très occupé avec la préparation de son film de karaté, il m’a dit « c’est toi qui sait ». Et il avait raison !

Est-ce que vous jouez le morceau Mahler (déclaration d’amour posthume à Fred Chichin, son binôme des Rita et ancien compagnon disparu en 2007, NdlR) ?
Oui. On évoque Fred, il y a effectivement un moment d’émotion, de recueillement par rapport à ce deuil qui est partagé avec le public.  

Catherine Ringer
Vendredi 9 décembre à 20h30, à la Salle de Création de la MC2

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